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Le charqueador et le bagnard.
7 décembre 2018

PIERRE NICOLAS JOSEPH BOURGUET Vicomte de TRAVANET

 

 

 

 

                                                  Pierre Nicolas Joseph BOURGUET Vicomte de Travanet

 

 

 

              Né le 12 octobre 1753 à Royaumont, il est le benjamin de la famille. Son frère aîné ayant été désigné héritier universel par leur père, il n'a aucune espérance de fortune. Entré à seize ans chez les mousquetaires, il fait une carrière militaire honorable. En 1791, il est Lieutenant Colonel du 12ème Dragons en 1792, au 3ème régiment à Stenay, 55. L'année suivante il est colonel au 16ème régiment de cavalerie et Adjudant Général en 1793. Il a quarante ans. En 1792, il est sur le front de l'Est et c'est à Bar-sur-Ornain (Bar le Duc) que ce célibataire tombe amoureux d'une jeune fille de vingt deux ans, Marie Victoire Gand, dont le père est négociant dans cette ville. Dans un contrat de mariage hâtivement rédigé précédant le mariage civil à Verdun, le 25 avril 1792, il déclare posséder le domaine de Françomas, arrondissement de Castres, comprenant un château, huit métairies, bois, vignes, terres et dépendances. En réalité, il n'est pas propriètaire de ces biens, mais seulement dépositaire d'une promesse verbale de vente de son frère aîné. Qu'à cela ne tienne, n'est-on pas en période de guerre où toutes les audaces sont permises? Il repart très vite pour les Ardennes et, conscient de la dureté des combats, il rédige un testament exactement un mois après son mariage en faveur de son valet Antoine Panis, de son neveu Henri de Marliave qui est avec lui à la guerre, et de sa toute jeune épouse.

    En 1793, il rejoint son frère et sera arrêté avec lui mais libéré rapidement. Sa jeune femme l'a rejoint avec leur premier enfant, une fille nommée Sophie. Ils résident tantôt à Royaumont, tantôt à Paris où vient au monds Scipion, le 3 prairial an UU '22 mai 1794). C'est l'année où les prénoms romains font fureur. Est-ce pour fêter cette future naissance que, deux mois plus tôt, Marie Victoire a fait extraire de la cavr de l'hôtel mise sous scellés, 54 bouteilles de champagne, 24 de Bourgogne et 18 de Malaga ?

    Le jeune âge de Marie Victoire n'exclut pas la force de caractère : lorsqu'elle se rend compte que c'est avec sa dot   que son mari a régularisé l'achat du domaine de Françomas, faisant d'elle la créancière privilégiée du dit domaine, elle entend bien faire valoir ses droits. Sans en référer à son mari, les nouvelles lois sur le divorce le lui permettant, elle présente une requête de dissolution de contrat civil de mariage à la mairie de Viarmes le 4 frimaire an III, confirmée le 19 ventôse. Elle entend renégocier le contrat de remariage en sa faveur, chose faite le 26 germinal an III, puisqu'elle obtient la séparation totale de biens  et la reconnaissance de sa créance hypothécaire sur le domaine de Françomas. Le lendemain, le couple se remarie à la mairie de Viarmes. Moins d'un mois plus tard naît leur troisième enfant, Lazarine.                                                  

    Cet épisode laissera des traces dans le couple où la confiance n'existe plus. En 1812, Marie Victoire fait consigner dans l'inventaire après décès de son mari, son désir que le dernier testament figure comme "Monument à conserver par ses enfants des motifs de leur père lors de son divorce et des volontés de ce dernier."

    C'est donc avec sa soeur Irène de Genibrousse, veuve et sans enfant, que Nicolas effectuera la plupart des transactions. En 1809, elle lui vend 234 hectares de terres à Royaumont et à Viarmes payables en rentes.

     À la veille de sa mort, Nicolas lui recédera l'ensemble de Royaumont soit la fabrique, la filature, les bâtiments, moulins, terres, près et bois.

      Bien qu'il s'y soit préparé, le décès de son frère aîné le met dans l'embarras, face à des responsabilités multiples : réaliser les voeux de son frère avant son décès, mener à bien la succession et assurer la marche de l'usine.

     L'émancipation puis la donation à la jeune Joséphine Bourguet sont effectuées rapidement, mais la succession est longue et difficile. La dispersion des biens mobiliers et immobiliers ne s'improvise pas et ne se fera pas dans les meilleures conditions eu égard aux événements politiques. À Royaumont, Nicolas se réserve pour lui-même et sa famille une maison avec dépendances où naîtront trois autres enfants, deux filles et un garçon.

     Pour la filature, le directeur, Jean René Caivailhes s'en charge dans la continuité.

     Nicolas, le militaire, se retrouve donc manufacturier sans l'avoir vraiment souhaité. Il a souscrit, comme son frère, aux idées révolutionnaires, mais ses ambitions sont tout autres. Après le 18 brumaire, il est nommé préfet à Castres par le Ier Consul et, dans la foulée, représentant du Tarn au Corps Législatif. Ceci l'appelle à des séjours en Languedoc incompatibles avec une présence efficace à la fabrique et exige la présence de collaborateurs compétents et fiables pour la diriger durant ses absences. La menufacture est alorsprospère et la "mousseline" de Royaumont trouve sans peine des débouchés, la fabrication se diversifie. Nicolas trouve des aides financières; le crédit est alors facile ; pour faire des investissements et éviter la routine technique. Il est en rapport avec des négociants connus pour écouler les marchandises et les exporter.

     Hélas, dès 1809, la crise s'installe peu à peu et les crédits sont difficiles à rembourser, particulièrement dans le textile lourdement endetté. Le blocus renchérit les produits français, entraînant de nombreuses faillites : la marche des affaires est ralentie puis compromise pour des entreprises de taille moyenne comme Royaumont, bien qu'elle soit la plus importante de sa région.

     L'établissement péréclite. Nicolas se démène comme il peut pour trouver de l'aide afin d'éviter la faillite et les licenciements, en vain. Circonstance aggravante, il est très malade et ses forces l'abandonnent, entravant une action qu'il souhaiterait plus efficace. Le fidèle Rameau, le régisseur comptable est décédé et Nicolas ne tient plus les ècritures depuis 1809 car il est trop fatigué. Maire d'Asnières sur Oise, il ne peut plus signer l'état civil à partir de la fin de 181; sa main est paralysée et c'est l'adjoint Canonne qui le fait à sa place. C'est alors qu'un grans malheur va frapper sa famille à la fin de janvier 1812 : l'aînée des enfants, la jeune et jolie Sophie, s'éteint à 19 ans.

     Accablé et de plus en plus souffrant, Nicolas fait un ultime déplacement à Paris. Il descend à l'hôtel d'Irlande, rue Neuve du Luxembourg (rue Cambon actuelle). C'est là que le 21 mars il vend l'ensemble de Royaumont à sa soeur Irène, y compris la filature et la fabrique, à charge pour elle, de mener à bien les transactions qui vont se présenter. Cette opération est quasiment blanche puisque, après déduction de ses créances, Madame de Genibrousse n'acquittera que 60220 francs. Quelques heures plus tard, "malade de corps mais sain d'esprit, mémoire et bon jugement, cloué dans un fauteuil près de la cheminée dans une chambre au rez-de-chaussée éclairée sur le jardin dépendant de l'hôtel d'Irlande, dans la vue de la mort", Nicolas de Travanet dicte son testament. Il s'éteint le lendemain, 24 mars 1812, à 58 ans, seul, laissant une veuve de 42 ans et cinq enfants mineurs. L'époque est difficile, l'adjudication de la manufacture de Royaumont reste sans suite, faute de repreneur. La vente à Van der Mersch ne sera réalisée que deux ans plus tard, le 1er février 1815. Les Travanet vont rester encore dix ans à Royaumont, mais n'y joueront plus aucun rôle.

 

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Commentaires
Le charqueador et le bagnard.
  • Plus aucune trace de lui... Pas même une pierre tombale. Deux frères nommés Jean-Baptiste : l'un mon aïeul, vice-consul de France au Brésil ; l'autre, bagnard condamné, en 1829, aux travaux forcés à perpétuité, pour crime contre la religion de l'Etat.
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