SCÈNE DE VOYAGE
Aquarelles de Jean-Baptiste Debret . BnF
SCÈNE DE VOYAGE
ADOLPHE D'ASSIER (Le Brésil contemporain, Paris, 1867)
« Je rencontrai un jour, dans une de mes excursions, une famille qui se rendait de la province de Minas à de Saint-Paul. Une forte et robuste négresse ouvrait la marche, portant dans un berceau posé sur sa tête un nourrisson de quelques mois qu'elle allaitait et qu'une légère toile abritait seule contre les ardeurs dévorantes d'une chaleur sénégalienne. Venait ensuite un vieux nègre pliant sous le poids d'une immense corbeille où l'on voyait pêle-mêle tous les ustensiles du ménage. D'une main il retenait son fardeau, de l'autre il menait par le licou une mule dont les flancs étaient battus par des espèces de volières à deux compartiments. A travers les barreaux de la première, j'aperçois une figure d'enfant faisant face à un petit singe. Dans la seconde se trouvait un autre enfant et devant lui un magnifique ara au bec énorme, au plumage rouge, aux pennes bleues. Le fond de ces deux cages servait de malle et contenait le linge des voyageurs. Le chef de la maison avec sa femme en croupe, suivait de l'oeil tous les mouvements de la turbulente ménagerie. Un énorme parasol garantissait le couple des fureurs ardentes du soleil. Un chien qui suivait à pied faisait escorte. Et le voyageur raconte que le macaco, passant près de lui, avise quelques bâtons de rosca (biscuit) dans ses larges bottes, où, comme tous les voyageurs du désert, il tient ses provisions. Allongeant ses bras à travers les barreaux de la cage, il lui enlève prestement deux biscuits. Ce qui provoque une dispute avec le perroquet. »