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Le charqueador et le bagnard.
12 août 2019

RAYMOND MAURICE DÉSIRÉ BAILLON

 

 

 

 

 

                                                     Raymond Maurice Désiré BAILLON

 

                                                         (Mon Arrière-grand-cousin au huitième degré )

            

  1. RAYMOND MAURICE DÉSIRÉ BAILLON  est né le 28 décembre 1885, à Trinay, de Louis Auguste Désiré BAILLON23766 et de Marie Léonie Augustine YVON. Raymond était Garde Champêtre. Il est décédé le 17 février 1970, âgé de 84 ans, à Montargis.

  2.  Avis à la population ! Souvenirs d'enfance à Echilleuses (Loiret)Maurice BAILLON avec ses enfants, Léonce, Robert et Raymond et son épouse Thérèse (vers 1938) Le grand-père Baillon... Dans la famille, on l'appelait Maurice, qui était son second prénom, alors que pour l'état-civil, il s'appelait Raymond, une habitude fréquente autrefois. Il n'a laissé à ses descendants que quelques bribes de souvenirs sur sa jeunesse, en particulier sur la tonte des moutons, lorsqu'il était jeune ouvrier agricole, à la ferme de Digny, à Echilleuse (Loiret) où il semble avoir été "placé" dès son jeune âge. La vie dans les fermes était rude, très hiérarchisée et les maîtres n'étaient pas tendres. Un jour, sérieusement blessé pendant son travail, il fût simplement placé sur une charrette, comme un vulgaire paquet, et un autre domestique le ramena à son domicile, le "déposant" dans la cour de sa maison sans davantage d'égards ou de soins ! Chaque ferme possédait un troupeau de moutons que l’on rentrait vers la Toussaint. Le berger dormait dans une cabane mobile à proximité du troupeau. Les autres souvenirs que le grand-père Baillon a laissé à son entourage sont moins anciens et sont relatifs à sa vie à Echilleuse, plus tard, lorsqu'il était garde-champêtre, et qu'il devait aller, à pied "battre le tambour" pour lire les annonces de la mairie jusque dans les hameaux éloignés. Cette fonction semblait parfois lui peser : blessé lors de la guerre de 1914-18, il boitait et devait certainement craindre les longs trajets à pied. La fonction de garde-champêtre consistait à lire à haute voix les informations fournies par le maire. Les gens sortaient sur le pas de leur maison, avertis par le roulement du tambour, et écoutaient le communiqué que lisait le grand-père. Il n'avait pas d'uniforme, mais portait une plaque de garde-champêtre : signe de l'autorité. Certaines missions devaient être déplaisantes, voire dangereuses. Je l'ai vu, dans les années 1950, être obligé d'aller signifier à des "romanichels" qu'il leur était enjoint par le maire de passer leur chemin ... J'ai le souvenir que la x x avait craint cette confrontation qui, apparemment, s'était pourtant bien passée.. Des dizaines de roulottes tirées par des chevaux avaient ensuite quitté Echilleuse, passant dans la "grande rue" au grand étonnement des gamins du village pour la plupart élevés dans la crainte des "étrangers" et de l'inconnu.  Le matin, le grand-père mangeait des noix, des prunes, accompagnées d'un peu de pain et d'un verre de gnôle ou d'un verre de " noah" (un cépage pourtant interdit !) et passait ensuite la journée dans son jardin, par tous les temps. Lorsqu'il pleuvait, il revenait boueux et trempé, simplement protégé par un sac à patates posé sur ses épaules, ce qui ne devait pas protéger grand chose.. Il était très fier de son jardin qu'il désherbait en permanence, à genoux, à cause de sa blessure. Cette blessure avait été causée par un obus, dans les tranchées . Il fut ensuite évacué dans un hôpital de campagne et supporta toute sa vie les séquelles de cette blessure. Il portait une longue ceinture de flanelle, sans doute pour se protéger les reins, qu'il déroulait le soir avant de se coucher "comme les poules" c'est-à-dire très tôt. Il écoutait religieusement les informations à la radio, lisait la " République du Centre", le journal local.. et se divertissait peu, sauf peut-être avec l'Almanach Vermot, seul livre présent dans la maison ! Parfois il chantait des chansons dont quelques bribes improbables nous sont restées en mémoires.. Il y en avait une qui parlait du chien de Nibelle "qui s'enfuit quand on l'appelle" , et une autre qui parlait des gars (ou des filles..) de Oison, un village proche.. Il demandait malicieusement aux enfants s'ils avaient vu les oeufs des "cotcodrilles" (animal fabuleux imaginaire) sur la route de Puiseaux..Jean Guitard (1), un habitant d'Echilleuse ami de la famille, raconte dans une lettre de 1981, la peur que lui inspirait "le père Baillon" lorsqu'il était enfant. Cette anecdote peut être située dans les années 1930 - 1935 :" Mes grand-parents habitaient juste en face de la maison de ton père (2), et, enfant, j'étais souvent chez eux. Un jour, que nous nous trouvions tous les deux dans la rue, Robert me dit : " Pourquoi ne viens-tu pas jouer avec moi ?". " Oui, je veux bien, mais que va dire ton père .. à chaque fois que je le vois dans la rue, je lui dis " bonjour Monsieur" et il me répond : " Ouais.." d'un ton révêche". Nous étions tous les deux entrain de jouer dans la grange quand d'un seul coup une porte qui se trouvait dans le fond de la grange s'ouvre et voilà que papa Baillon arrive avec un panier au bras et nous dit " venez avec moi à la maison ! ". Quand nous sommes rentrés dans la maison,le grand-père a dit : " Thérèse, prends les meilleures poires de sept en gueules et donnes les à Jean et à Robert. Tu sais, Jean, elles vont te paraitre pourries, mais elles ne le sont pas. Pour qu'elles soient bonnes, il faut les manger comme ça : blettes". Quand nous les eûmes finies, ton grand-père dit : " mais elle ne pense à rien cette femme là : Fais-leur donc un litre de coco ! (boisson pour enfant de l'époque). Après, je n'ai plus jamais eu peur du père Baillon". La grand-mère, Thérèse, élevait des poules et des lapins. Elle allait " à l'harbe (herbe) pour les lapins" avec une petite charrette dans un chemin proche de la maison et le soir, rituel immuable, elle "rentrait les poules", c'est - à - dire qu'elle les enfermait dans le poulailler. Il était ensuite temps d'aller se coucher. Parfois l'oncle Léon venait leur rendre visite à vélo. Il venait d'un village voisin et c'était alors un évènement.. En septembre, il y avait la fête à Echilleuse et on mangeait du pain d'épices. Les rues étaient parcourues matin et soir par les tombereaux bruyants et les remorques des paysans, tirés par les chevaux, de gros percherons qui, parfois s'emballaient : conduire des chevaux pouvait être très physique et il fallait faire attention !  Une fois l'an, l'alambic se rendait à domicile chez les habitants pour qu'ils puissent produire leur eau-de-vie et l'été la moisson apportait une grande animation dans le village. On voyait alors arriver des inconnus : des " gars de batterie" et même parfois des " trimards" (vagabonds) dont il fallait se méfier. Les enfants jouaient dans les ballots et dans la poussière ! Il ne fallait pas s'approcher de la moissonneuse-batteuse dont les courroies pouvaient être dangereuses.. On jouait aussi au cerceau ou à la toupie de bois, que l'on fouettait avec un fouet pour la faire tourner. En automne, ceux qui avaient une vigne vendangeaient et le pressoir passait lui aussi à domicile . On buvait alors le " vin doux". La cave du grand-père (il possédait une petite vigne) était pleine de " fûts ", gros tonneaux de vin que l'on tirait avec une cannelle et dont il était très fier. Le ramasseur de peaux de lapins passait régulièrement dans la rue en s'annonçant au cri de : " peaux de lapins ! peaux ! " et la grand-mère lui vendait ses peaux, rembourrées avec de la paille, qu'elle accrochait aux poutres du clapier en attendant son passage. En face de la maison, il y avait un maréchal-ferrant : le père Jamet. Il ferrait les chevaux dans la rue, au milieu du crottin, et cerclait les roues des charrettes. Le bandage de fer, rougi par la chaleur d’un brasier pour obtenir sa dilatation avant la pose risquant de mettre de feu à la roue il fallait arroser immédiatement après la pose du cerclage, opération délicate qui dégageait une abondante vapeur.. Les enfants bien sûr n’avaient pas le droit d’approcher un tel spectacle ! Un épicier ambulant passait plusieurs fois par semaine avec un petit camion. La grand-mère guettait son arrivée, annoncée par un coup de klakson. Elle y achetait ce qu'elle ne pouvait produire elle même dans le jardin . La viande était principalement fournie par son petit élevage de poules et de lapins (elle les tuait elle-même) mais il fallait acheter le beurre, le sel, le fil à coudre.. La production familiale et quelques achats auprès des cultivateurs voisins fournissaient l'essentiel des besoins alimentaires. Sa bonne soupe, qu'elle appelait "soupe de maçon" tant elle tenait au corps, était bien souvent le seul plat des repas du soir.. Elle faisait des confitures, lavait le linge dans une grande lessiveuse ou un baquet et allait le rincer au lavoir, elle raccommodait les chaussettes, nourrissait ses animaux, s’occupait des enfants, faisait cuire le "bouillon", épluchait les haricots, ramassait les pommes de terre...Infatigable, elle allait et venait sans cesse et ne prenait guère de repos.. 


  3. Notes :

• Anecdote sur le père du gendre de Raymond BAILLON, Simon Guénard, dit 'Le Chaicrot", sonneur de vielle morvandiau Simon Guénard, dit " Le Chaicrot", sonneur de vielle morvandiau Simon Guénard , dit " Le Chaicrot" (1879 - 1963) fut l'un des joueurs de vielle les plus réputés du Morvan.Son fils, Emile Guénard, dit « Mimile » né à Anost en 1920, épouse le 7 avril 1945, Léonce Baillon, fille de Raymond Baillon et Marguerite Ferrant.Simon Guénard, sa vielle, son épouse Marie Bouscarat et leur petite fille Michèle (vers 1962)Tous les ans, à Anost a lieu une « fête de la vielle » qui réunit des dizaines de musiciens amateurs de musiques populaires et traditionnelles et attire des milliers de visiteurs. C’est là, en 2008, que nous nous sommes rendus compte de l’aura qu’avait encore Simon Guénard chez les jeunes « vielleux » qui perpétuent aujourd’hui la tradition.. (1)Voici, rapidement brossé par des musiciens d'aujourd'hui le portrait de cet homme d'un autre temps qui reste pour eux un "maître" :"Ce ménétrier de la grande époque, qui fut tour à tour charretier, sabotier, musiqueux de village, sonneurs de noces et de guillannées, maître à danser ou maître à concours, entrepreneur de bals traditionnels, musicien de bal ou de théâtre, fut l'ultime représentant des sonneurs morvandiaux de ce temps. Des bals musettes aux orchestres d'après-guerre, il s'adapta à l'actualité puis partit, enfin, sonner à Versailles ou bien à St Denis, selon la vieille formule et selon la tradition des ménétriers d'ici" (1)1953 : " le Chaicrot " guide la noceUn musicien traditionnel d'Anost, Alain Vieillard, avait vu le "Chaicrot", dernier vielleux mythique d'Anost, remonter la rue en tournant la manivelle, sa couronne de pain en équilibre sur son chapeau. Il écrit :"Imaginez un petit vieux, sec et ridé comme une pomme Saint-Jean, ces pommes rouges du Morvan que jadis on mettait à « gueneller » pour les veillées des hivers rigoureux. Alerte malgré ses quatre-vingt printemps, il montait la rue principale du village après avoir fait ses emplettes et se rendait chez Louis et Valentine, l’un des bistrots du haut. Il était vêtu de noir à l’ancienne, chapeauté et ensaboté, sur son couvre-chef sa couronne de pain était posée et oscillait selon un équilibre qui semblait incertain mais qui devait être le bon puisqu’elle s’obstinait à conserver sa position. Le vieux avançait avec ce pas particulier qu’ont les vielleux en train de jouer ; il sonnait, vous l’avez deviné, vielle au ventre, courroies réglées. Sa main droite saccadait en cadence cependant que la gauche volait sur le clavier. L’engin, patiné par les années où le miel des vernis le disputait au rouge des balustrages de laque, au noir de l ébène parfois irisé de nacre, au blanc de l’os et de l’ivoire, sonnait juste et plein, parfaitement accordé comme doivent être tous ces instruments qui ne souffrent guère la médiocrité. Un demi siècle s’est écoulé, ou presque, depuis qu’étant enfant, j’ai eu cette vision de Simon Guénard, dit le Chaicrot, héritier de la dynastie des vielleux d’Anost" (1).Le hameau de Bussy d'où était originaire Simon GuénardMon père, écrit Jeanne Rondeau, fille de Simon Guénard était d'une famille de 19 enfants. Son père et son grand-père, déjà surnommés " Chaicrot", étaient ménétriers sonneurs de vieille au hameau de Bussy, sur la commune d'Anost. Mon père jouait aussi du violon et de l'accordéon, mais parce qu'il explosa le violon en tombant dans une tranchée, un soir de guillannées ( ) et devait tenir l'accordéon à l'envers pour profiter de la virtuosité de sa main gauche, il renonça à ces deux instruments pour se consacrer à la vieille uniquement. Parfois, comme beaucoup d'autres morvandiaux, il partait charrier ( ) et cela lui donna une idée. Il se construisit un parquet qu'il transporta à l'aide du char et des boeufs dans les communes voisines ou les cantons voisins, de Saulieu, en Côte d'Or à Dommartin, dans la Nièvre. Les clients payaient deux sous la demi-danse et, avec ma soeur, nous faisions la récolte de l'argent. Mon père jouait et chantait en même temps. A partir de ce moment, il a beaucoup bougé et sortait du Morvan pour aller jouer ailleurs, dans les villes éloignées et même à Paris, rue de Lappe"(1)Simon Guénard est le second joueur de vielle à partir de la gauche. Carte Postale, Autun, 1909Le « Père Chaicrot » , comme l'appelait son fils Emile, avait été sollicité, en 1963, par A. Chaillet, fondateur du groupe musical de Château-Chinon « Les Galvachers du Morvan » afin qu’il raconte ses souvenirs :« Je suis le Père Chaicrot d’Anost, le p’tit Simon qu’avait un bal dans le temps, oui ! j’ai commencé à six ans à jouer de la vielle. J’ai fait des bals à Autun, aussi ; j’ai joué avec M. Perraut qui jouait de la flûte ; j’ai joué avec le Tienne de la Barrée, quatorze ans de temps, à Arleuf ; j’ai joué avec le Moreau-Bizot ; j’ai joué avec le Bonnot ; j’ai joué avec le Père Jouarie et ses garçons aussi ont joué avec moi. Après j’ai été montré au théâtre de Nolay, et il y avait au moins six mille personnes. Il m’ont fait jouer au théâtre avec une jeune fille, elle chantait bien. Moi, j’accompagnais tout doucement. Elle m’avait appris ses chansons dans la nuit. On dormait pas trois jours et trois nuits. J’avais appris ses chansons dans trois jours et trois nuits, sans savoir ni lire ni écrire, rien que comme ça de les chanter (...) Après j’ai été à Paris, rue de Lappe avec les trois frères Péguri, des italiens. J’ai joué quatre mois avec eux. J’ai fait une grosse bêtise de les laisser, ils m’auraient appris la musique. Ils m’avaient bien dressé quand même, parce que quand je suis revenu, j’étais le champion comme joueur de vielle d’Anost. J’ai fait le concours de vielle d’Autun en 1909 et c’est là que j’ai gagné le premier prix, sur trente deux joueurs de vielle. » (1) 'A ma mort, je demande qu'on me mette dans la main gaucheune pièce pour payer mon passage et dans mon cercueilun paquet de tabac et un litre de vin rouge pour faire le voyage'Texte écrit de la main de Simon Guénard, déposé à l'époque auprès du secrétaire de mairie d'Anost.

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Commentaires
Le charqueador et le bagnard.
  • Plus aucune trace de lui... Pas même une pierre tombale. Deux frères nommés Jean-Baptiste : l'un mon aïeul, vice-consul de France au Brésil ; l'autre, bagnard condamné, en 1829, aux travaux forcés à perpétuité, pour crime contre la religion de l'Etat.
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