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Le charqueador et le bagnard.
30 octobre 2016

Alfred Fontès - Récit d'un miracle

 

 

                                                                                      Alfred Fontès

 

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                                                                                                  Adeline Fontès, mère d'Alfred.

 

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                                                                                                   Joao Fontès, père d'Alfred.

 

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                                                                                            Jean-Baptiste Roux, grand-père d'Alfred

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                                                                                                   Le 8, bld des Batignolles en 2014.

 

Voir:

"Apparitions de La Sainte Vierge à deux jeunes enfants des Batignolles et guérison miraculeuse de ces enfants - Détails authentiques recueillis par le Vicomte de la Vausserie - ornés de deux portraits."

Paris - Adolphe Josse, éditeur. 31, rue de Sèvres

année d'édition: 1873

 

Le 17 mars 1873, Alfred Fontès, onze ans et demi, brésilien, élève du petit séminaire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, malade du foie, des intestins et de l'estomac, est au plus mal. Vers onze heures quinze du matin dans l'appartement familial, place des Batignolles, sa mère tente de lui donner un peu de nourriture, en vain. « Si la Sainte Vierge veut, elle peut bien me guérir, comme elle a guéri le petit Wallet ! » s'exclame Alfred. Madame Fontès va dans la pièce voisine. Soudain, son fils se met à crier: « Je suis guéri, j'ai vu la Sainte Vierge ! « Alfred dit avoir vu la Vierge vêtue de blanc et de bleu, environnée d'une lumière magnifique. Il avait distingué ses traits, mais n'avait pu voir ses yeux. Quand il appela sa mère, la vision avait cessé et ne s'est pas renouvelée.Mais l'enfant était entièrement guéri. L'enflure énorme du ventre avait disparu instantanément sans aucune évacuation. Les membres amaigris à l'excès avaient repris leur volume et leur carnation ordinaires. Plus de douleurs, plus de vomissements, santé parfaite. Alfred s'est levé, a fait un bon repas ; le docteur Crestey a pu constater le jour même une guérison absolue qui ne s'est pas démentie depuis. Le docteur termine un certificat fort détaillé par ces paroles que nous transcrivons textuellement:
 « Ces faits ont été constatés par moi le jour même, et j'affirme en mon âme et conscience qu'ils sont le résultat d'un miracle, toutes les données scientifiques ne pouvant expliquer une pareille chose. ».La vision avait paru à l'enfant durer dix minutes; mais la mère dèclare qu'il ne s'en est pas écoulé plus d'une.(« Pendant la maladie, le Dr. CRESTEY, demeurant rue Lemercier, 48, avait appelé en consultation le Dr.MOUTARD-MARTIN, médecin de l'hôpital de Beaujon. Celui-ci constata « une tuberculose s'étalant en même temps sur le péritoine, sur les muqueuses de l'estomac, de l'oesophage et des bronches.Le pronostic fut de la dernière gravité. A partir de ce moment et durant 15 jours, les accidents ne firent que s'accroître, malgré les moyens employés. L'enfant en était arrivé à vomir constamment, non seulement tout aliment solide ou liquide, mais même quand il n'avait rien absorbé. L'état général ne laissait aucun espoir... »)

Alfred Fontès est rentré au petit Séminaire, où l'on n'attendait plus que la nouvelle de sa mort."

Les faits sont signalés par une lettre du duc d'Alzon du 23 mars 1873 (Lettres, Rome, Maison généralice, t.X, 1994, 35, citée par Tavard, 146)

(Apparitions de la Sainte Vierge à deux jeunes enfants des Batignolles et guérison miraculeuse de ces enfants. Détails authentiques, recueillis par le vicomte de La Vausserie, Paris, Josse, 1873, 13-19

(Clugnet 133) ;

Bouflet-Boutry, 1997, 178-182 ;

Ernst, 1989, 113 ;

Gamba, 1999, 407 ;

Hierzenberger, 1993, 225 ;

Tavard, 1998, 146. P.S.

Dictionnaire des « apparitions » de la Vierge Marie par René LAURENTIN, Patrick SBALCHIERO 

 

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APPARITIONS DE LA SAINTE VIERGE A DEUX JEUNES ENFANTS DES BATIGNOLLES ET GUERISON MIRACULEUSE DE CES ENFANTS

Détails authentiques recueillis par Le Vicomte de la VAUSSERIE (Ornés de deux portraits) – PARIS – Adolphe Josse, Editeur. 31, rue de Sèvres – 1873

                                                                     Chapître I – Récit de LA SEMAINE RELIGIEUSE DE PARIS.

« Deux enfants, habitant sur la paroisse Sainte Marie des Batignolles, viennent d'être successivement l'objet d'une guérison qui offre tous les caractères du miracle. Le second fait est le plus saisissant, mais il se lie avec le premier de telle sorte qu'il semble destiné à lui servir de confirmation.

 Le jeune Armand WALLET est fils de parents alsaciens établis depuis longtemps à Paris : son père exerce la profession de tapissier, rue Truffaut, 36, à Batignolles. L'enfant a treize ans révolus. Depuis trois ans il souffrait chaque hiver de douleurs rhumatismales qui disparaissaient graduellement aux approches de la belle saison.

 Cette année, au mois de janvier, les douleurs revinrent plus intenses : elles augmentaient pendant six semaines ; les quinze derniers jours l'enfant était perclus de tous ses membres ; il fallait le porter pour le déplacer dans son lit. Enfin pendant les huit derniers jours, son état s'était compliqué de crises nerveuses amenant des convulsions violentes.

 Le 18 février, à huit heures du matin, il avait eu une crise effrayante, deux heures après sa mère s'étant absentée un instant revint et trouva son fils qui pleurait de joie : Maman, lui disait-il, je vois la Sainte Vierge, là-bas sur la fenêtre. La mère, émue, lui dit : Elle vient peut-être pour te guérir ; - puis elle sort de nouveau pour raconter ce qui se passe. A son retour elle trouve l'enfant guéri. Toute douleur avait disparu, et depuis lors aucun accident ne s'est reproduit. La guérison avait été instantanée. Le médecin qui visitait l'enfant (Le docteur PIEDFER, rue Truffaut) ne vint que le lendemain : il constata la guérison et déclara qu'elle n'était certainement pas l'effet de ses remèdes ; que toutefois il ne lui semblait pas impossible qu'elle eût pour cause une réaction du moral sur le physique, l'enfant ayant sans doute ouï parler des apparitions d'Alsace.

I l faut maintenant dire un mot de l'apparition elle-même. Elle fut permanente pour Armand Wallet pendant six jours ; tout au plus cessait-elle pendant quelques minutes. Elle avait lieu aussi bien dans l'obscurité qu'en plein jour ou à la clarté de la lampe. Cette apparition n'était pas de grandeur naturelle. Elle avait la hauteur d'une palme, mais paraissait vivante : elle a même fait plusieurs mouvements, comme d'indiquer du doigt qu'il fallait se mettre à genoux ou d'étendre la main sur un chapelet qu'on lui offrait. Elle n'avait pas toujours les mêmes vêtements. Tantôt elle portait l'Enfant-Jésus, tantôt elle se tenait les mains étendues et abaissées dans l'attitude de l'Immaculée Conception.

 Beaucoup de personnes sont venues dans la chambre de Mme Wallet pendant ces six jours : l'apparition a été vue par plusieurs, mais surtout par des enfants. Quelques-uns, après avoir dit qu'ils noyaient, se sont démentis. D'autres ont persisté avec fermeté et candeur. On peut citer le jeune Castan, âgé de onze ans, camarade d'Armand Wallet, qui a toujours vu comme lui ; la petite Blanche Nicot, âgée de six ans, qui a vu l'apparition en présence de M. l'abbé de la Perche, vicaire à Sainte Marie, lequel ne voyait rien, mais interrogeait l'enfant et apprenait d'elle ce qu 'elle voyait ; - la jeune Marie Vassel, qui a vu de même. Les témoignages de ces enfants étaient parfaitement d'accord sur les détals de l'apparition. Parmi les grandes personnes, il faut noter surtout Mme LEMERCIER, personne grave, âgée de cinquente-trois ans, laquelle a vu deux fois la Sainte Vierge, mais la seconde fois moins nettement.

 Le septième jour, Armand Wallet a vu l'apparition encore une fois, et c'a a été la dernière.
Cet événement a causé quelque rumeur dans le quartier, mais n'a donné lieu à aucune manifestation malveillante. 

 Pendant ce temps-là, un autre enfant de onze ans et demi, Alfred Fontès, Brésilien, élève du petit séminaire de Saint Nicolas du Chardonnet, tombait gravement malade. Il fut soigné pendant six semaines dans cet établissement ; son mal était « une affection du foie, compliquée d'ulcérations intestinales et stomacales.

 Rendu à sa mère qui habite place des Batignolles, 8, il reçut les soins du docteur CRESTEY, demeurant rue Lemercier, 48, à partir du 25 février. Son état empirant tous les jours, ce docteur demanda une consultation du docteur MOUTARD-MARTIN, médecin de l'hôpital Beaujon. Celui-ci constata « une tuberculose s'étalant en même temps sur le péritoine, sur les muqueuses de l'estomac, de loesophage et des bronches. Le pronostic fut de la dernière gravité. A partir de ce moment et durant quinze jours, les accidents ne firent que d'accroître, malgré les moyens employés. L'enfant en était arrivé à vomir constamment, nos seulement tout aliment solide ou liquide, mais même quand il n'avait rien absorbé. L'état général ne laissait aucun espoir...

 Les choses en étaient là le 17 mars. M. l'abbé BOURGEAT, vicaire à Sainte Marie, avait dû renoncer à faire faire à l'enfant sa première communion in extremis, à cause des vomissements. Il était venu le voir le dimanche 16, et, le quittant, s'était senti pressé de dire à sa mère : « Votre enfant guérira subitement ». Il déclare avoir obéi à je ne sais quel mouvement irrésistible en prononçant ces paroles. Il pensait à la guérison d'Armand Wallet. Le lendemain 17, à onze heures un quart du matin, Mme Fontès essayait de faire prendre au malade quelque nourriture, que celui-ci rendait comme d'ordinaire ; puis il disait à sa mère désolée : « Si la Sainte Vierge veut, elle peut bien me guérir, comme elle a guéri le petit Wallet. Là-dessus, la mère passe dans la chambre à côté, et au bout de quelques instants, Alfred la rappelle en criant: « Je suis guéri, j'ai vu la Sainte Vierge. » La vision avait paru à l'enfant durer dix minutes, mais la mère séclare qu'il ne  s'en est pas écoulé plus d'une.

 Ce qu'il avait vu c'était la Cierge immaculée, vêtue de blanc et de bleu, éclatante de lumière : il avait distingué ses traits, mais n'avait pu voir ses yeux.

 Quand il appela sa mère la vision avait cessé et ne s'est pas renouvelée depuis. Mais l'enfant était entièrement guéri. L'enflure énorme du ventre avait disparu instantanément sans aucune évacuation. Les membres amaigris à l'excès avaient repris leur volume et leur carnation ordinaire. Plus de douleurs, plus de vomissements, santé parfaite. Alfred s'est levé, a fait un bon repas ; et le docteur Crestey a pu constater le jour même une guérison absolue qui ne s'est pas démentie depuis.

Le docteur termine un certificat fort détaillé par ces paroles, que nous transcrivons textuellemenr :

« Ces faits ont été constatés par moi le jour même, et j'affirme en mon âme et conscience qu'ils sont le résultat d'un miracle, toutes les données scientifiques ne pouvant expliquer une pareille chose. »

Alfred Fontès est rentré au Petit Séminaire, où l'on n'attendait plus que la nouvelle de sa mort.

 

REPONSE DE L'UNIVERS AU SIECLE ET AU RAPPEL à l'occasion de ces miracles. Voici l'article de l'UNIVERS (6 avril 1873):

« Le mois dernier, à Batignolles, quartier de Paris, deux maladies dont l'une était désespérée, se sont terminées d'une façon que la science n'admet pas. D'après les malades, l'un et l'autre enfant, la Sainte Vierge leur est apparue, et ils se sont trouvés guéris. Des témoins nombreux attestent la maladie et la guérison soudaine. Un médecin, décrivant scientifiquement le cas mortel qu'il a vu et soigné, ne recule pas devant le mot, si redouté et si détesté dans sa profession. L'autorité religieuse, à cet égard plus méticuleuse encore, ayant ordonné d'enquérir, a permis la divulgation du rapport ecclésiastique qui lui a constaté les faits. Tout est clair, de plein jour, facile à vérifier.

Nous attendions la contre-enquête et les réflexions du SIECLE. Le SIECLE a négligé d'informer, mais il n'a pas négligé de réfléchir. Au bout de huit jours il nous donne ses réflexions. Les voici:

« Enfin ! Il paraît que la Vierge se décide à confondre le scepticisme des Parisiens en opérant des miracles sous leurs yeux. Elle n'est pas encore au coeur de la cité, mais elle est dans la banlieue, à Batignolles. De tout petits Batignollais ont eu le privilège de la voir, d'autres Batignollais ont été guéris par elle. Déjà Lourdes et la Salette sont inquiets de la concurrence. La Vierge a dans ce quartier un médecin patenté qui délivre des certificats. C'est une innovation très- heureuse et bien propre à fermer la bouche aux incrédules.

 Le ciel devait bien ce témoignage d'estime à Paris, où l'honnête curé Santa-Cruz compte des amis, qui ramassent de l'argent pour lui. Le quartier des Batignolles n'était rien moins que chaud pour la cause carliste ; c'est un avertissement qu'on lui donne d'en haut.

Ce qui signifie que dans cette affaire le SIECLE ne peut contester rien, mais ne veut croire rien. Ce n'est pas par là qu'il nous étonne ; nous l'avons toujours connu tel, incrédule, et incapable de justifier son incrédulité soit à lui-même soit à autrui. Ce qui cause notre admiration, c'est ce perpétuel besoin d'étaler son incapacité pour étaler son incrédulité. L'amour-propre donne lieu à ce prodige ; ou le SIECLE veut faire le galant, ou il tient à nous montrer sa puissancesur l'ami lecteur. La vérité est qu'il ne prend pas de peine. En religion, il a une manière de bêtise solide, sans nul doute, mais sèche et que l'on pourrait dire austère, tant elle dédaigne l'ornement et le renouvellement. Toujours la même chose, et toujours peu de chose. Il rit comme on vient de l'entendre, il dit : « NON! » et avec cela il se passe de tout raisonnement et il plane au-dessus de toute évidence.

 Le joli Renan (il ne vend plus), dans le temps de sa gloire, déjà éloigné, réclamait un miracle constaté par l'Institut. Il voulait une résurrection, en plein Académie, omettant de dire s'il fallait encore que le ressuscité fût académicien. Depuis ce temps il leur a été donné des miracles, même celui de Jonas et celui de Balaam. Jonas a vécu et vit dans le corps de la baleine, Balaam a parlé maintes fois. Mais l'Institut n'a pas vu ces miracles, ou a négligé de les constater, et le joli Renan ne s'est pas converti, du moins pas tout à fait. Nous devons d'ailleurs convenir qu'il y a eu plus de morts que de ressuscités. On n'a pas ressuscité Sainte Beuve ; le joli Renan décline, le SIECLE mêmement, et ils ne ressusciteront pas. Toutefois, les résurrections et les guérisons ne sont pas inouïes d'un autre côté. Jésus-Christ, par exemple, ne meurt pas ; l'Eglise ne meurt pas ; il est manifeste que le Pape ne mourra pas. Nous pouvons dire que nous avons vu la résurrection des conciles, et que nous voyons vive et très-fortement vivre le concile ressuscité : il enterre une hérésie, il a déjà enterré deux ou trois constitutions, il en enterrera plusieurs autres. Nous voyons aussi les pélerinages « rentrer dans nos meurs. » Que pense de tout cela , en son fond, le joli Renan qui a ses lacunes, mais enfin qui n'est pas un lourdaud ? Il s'en taît. Quant au SIECLE, il n'en éprouve aucun embarras. S'il plaisait à Dieu de ressusciter un mort selon toutes les conditions posées pour obtenir la conversion de l'Institut, le SIECLE écrirait ; « Enfin ! Il paraît que Dieu se décide à confondre le scepticisme des Parisiens en opérant des miracles sous leurs yeux? » Il n'irait pas voir, et il aurait tout dit. Devant une telle force, il faut se déclarer vaincu. 

 

 Nous observons cependant deux ou trois points imperceptibles, qui annoncent que le SIECLE n'a plus sa vieille fermeté. 1° Il ne reproduit pas la relation publique de l'événement ; 2° aucun libre-penseur des Batignolles ne lui a écrit pour venger l'honneur du quartier ; 3° l'auteur de l'article dérobe son nom. Jadis, on aurait été fier de signer un si gracieux morceau ! A présent, on crache et on se cache. Où êtes-vous, Jourdan ? Où êtes-vous, Bédollière ?

 Voilà donc un médecin qui contre-signe un miracle, et un rédacteur du SIECLE qui se voile pour contester le miracle, comme s'il s'agissait de crier Vive la République ! En pleine rue.

Que les temps sont changés ! ...

Après le SIECLE, dit un peu plus loin M.L. Veuillot, voici le RAPPEL, dans la personne de M. LOCKROY, ancien coadjuteur de M. Renan dans la mission pieuse que ce dernier reçut de la grâce du défunt empereur, et présentement conseiller municipal.

« M. Lockroy est plus fort que l'anonyme du SIECLE. Il fait une contre-enquête, sur laquelle il semble compter. Ce brave a l'air fier et hardi,

 Et son mousquet est près de lui. Le mousquet, c'est une petite fille de dix ans, « aussi intelligente que jolie, et ce n'est pas peu dire, » laquelle lui a été présentée par Mme trois-Etoiles, sa tante, excellente chrétienne, mais ennemie des superstitions. M. Lockroy s'est laissé dire par cette jeune fille, dont il rédige la déposition, que, quant à l'enfant Wallet, tout le miracle a consisté en un reflet de miroir à barbe : « On voyait sur le bord de la fenêtre une petite ombre qui ressemblait à une dame ou à une sonnette. »

 A la suite de quoi l'enfant Wallet a été instantanément guéri d'une maladie de plusieurs mois. »

 

 Après cette réponse catégorique au SIECLE et au RAPPEL, l'UNIVERS promettait à ces deux journaux de revenir bientôt sur le sort de l'enfant Wallet. Le 9 avril, ce journal tenait sa promesse, et voici comment l'un de ses rédacteurs, M. Antonin RONDELET, rend compte de sa visite aux Batignolles. 

 

     Alfred Fontès

 La guérison du jeune Armand Wallet avait eu lieu le 18 février. Un mois après, le 17 mars, la paroisse de Sainte-Marie des Batignolles devait être favorisée d'un nouveau prodige : un autre se ses enfants allait voir, lui aussi, la Sainte Vierge et, comme pour le premier, être guéri instantanément et radicalement. La SEMAINE RELIGIEUSE n'ayant fait que signaler très-brièvement cette uérison, nos lecteurs nous sauront gré d'y revenir plus longuement et de leur communiquer les renseignements qui nous ont été fournis tant par la famille que par M. le supérieur du petit séminaire de Saint-Nicolas du Chardonnet : ce ne sont donc point des détails pris au hasard et recueillis à a légère que nous leur apportons ; nous avons tenu à n'avancer que des fairs parfaitement certains, et pour éviter toute erreur, même involontaire, nous avons soumis notre travail à M. le supérieur du petit séminaire afinqu'il pût constater par lui-même l'exactitude de notre rédaction. Aussi il nous permettra de lui adresser ici nos remerciements les plus sincères pour sa complaisance si parfaite et la bienveillance toute chrétienne avec laquelle il a daigné nous accueillir.

 Alfred Fontès est âgé de onze ans et demi : il est originaire du Brésil et c'est depuis quatre ans seulement qu'il habite la France. Quand il arriva à Paris, il na savait pas le moindre mot de français, et son interprète le plus ordinaire était un jeune enfant de sa famille, bien plus jeune que lui, mais qui habitait Paris depuis plusieurs années : il paraît que ce petit bonhomme s'acquittait de sa fonction avec un soin marqué et qu'autour d'eux on s'égayait beaucoup des petites scènes presque chaque jour entre le maître et l'élève. (note: c'était mon grand-père, Jean Roux)

 Alfred est d'un caractère très vif, très enjoué ; ne pouvant jamais rester en repos : la naïveté et la candeur se peignent dans ses traits et dans ses paroles : c'est donc un enfant dans toute la force du terme ; aussi quand vous lui parlez de l'apparition dont il a été fabvorisé il vous répond fort laconiquement, sans phrases et n'ayant pas l'air le moins du monde de sa douter de la faveur insigne dont il a été honoré, ou du moins il n'en tire pas la plus petite vanité. 

 Il avait été placé au petit séminaire de Saint-Nicolas du Chardonnet pout achever de se familiariser avec le français et faire ses études. Au mois de décembre dernier il commença à ressentir les premières atteintes du mal qui devait bientôt le conduire aux portes du tombeau. On le voyait s'étioler peu à peu. Rentré dans sa famille pour quelques jours, il revenait au séminaire pour le quitter à nouveau.

 Au mois de janvier il se produisit des crachements de sang tellement abondants que les directeurs de la maison en furent effrayés ; le médecin du séminaire, M. le docteur COFFIN, constata que le foie était dilaté démesurément. Après un examen approfondi il jugea l'état du malade tellement compliqué et grave qu'il conseilla au supérieur de rendre l'enfant à sa famille : il pensait que la maladie était chronique et constitutionnelle : les parents, eux l'attribuaient aux suites d'une fièvre typhoïde qu'Alfred avait eue en 1870, et aux privations du siège de Paris.

 Toujours est-il que ce pauvre enfant ne mangeait plus, ou du moins rendait tous les aliments qu'il prenait : c'est dans cet état qu'il fut remis à sa famille le 5 février.

 Le mal fit des progrès très rapides, malgré les soins empresséd et intelligents du médecin de famille, et celui-ci comprenant la gravité de la situation appela à son aide le docteur MOUTARD-MARTIN, médecin de l'hospice Beaujon.

 Les efforts réunis des deux docteurs ne purent arrêter la marche de la maladie, et à partie du jeudi qui précéda la guérison, le jeune Alfred ne prenait même plus de remèdes : aucune nourriture ne pouvait passer, aussi ce pauvre enfant était d'une faiblesse telle que non seulement il lui était impossible de se tenir debout, mais qu'il n'avait même plus la force de soutenir une tasse de tisane dans sa main.

 Tout annonçait donc une catastrophe prochaine, et le médecin y préparait petit à petit la pauvre mère en lui permettant de donner à son cher malade ce qu'il désirait, lui faisant comprendre que la science était désormais impuissante à sauver son fils.

 Les désordres intérieurs avaient en effet fini par gagner le coeur et l'on entendait dans cet organe des craquements qui, au témoignage du médecin, devaient causer au malade les plus vives douleurs. 

 

 Le dimanche 16 mars tout allait si mal que le médecin, qui venait visiter dans le même appartement une tante d'Alfred, ne voulut pas entrer pour voir l'enfant, disant d'un air consterné qu'il n'avait plus rien à faire et ajoutant: pauvre mère ! pauvre mère !

 Alfred cependant conservait assez de calme et priait beaucoup. Sa pensée se reportait souvent vers Saint-Nicolas où il désirait tant revenir, et il demandait avec instance que ses condisciples priassent pour lui. Il avait en la Sainte Vierge une grande confiance, aussi sa plus douce occupation pendant le jour était-elle d'orner de fleurs un petit autel qu'il avait élevé à Marie, tout près de son lit.

 Ce même dimanche, veille de la guérison, une religieuse du pensionnat du Sacré-Coeur, à Batignolles, qui avait l'habitude de visiter Alfred, lui apporta une petite statuette en bronze, représentant Notre-Dame de Lourdes. Une autre personne remplit le bénitier de l'enfant d'eau puisée à la grotte.Celui-ci s'en montra fort joyeux, il contemplait avec bonheur sa petite statuette, et la présentant à sa mère il lui disait avec assurance : « Voilà celle qui me guérira ». Il portait aussi depuis quelque temps une médaille de Notre-Dame de Lourdes que lui avait remise l'aumônier du Sacré-Coeur des Batignolles.

 La confiance d'Alfred ne devait pas être trompée ; sa foi cependant avait déjà été mise sérieusement à l'épreuve : à la fin de février la famille avait commencé une neuvaine à Notre-Dame de Lourdes, pendant laquelle l'enfant prenait tous les soirs une cuillerée d'eau de Lourdes. Cette neuvaine s'était terminée le 2 mars sans obtenir de résultat : une autre neuvaine également à Notre-Dame de Lourdes avait été faite au pensionnat du Sacré-Coeur à Batignolles, où se trouvent deux tantes et une soeur d'Alfred, et la fin de cette neuvaine avait trouvé le pauvre malade plus souffrant et plus affaibli.Malgré ces insuccès le jeune Alfred ne désespérait pas, et c'est lui qui consolait et soutenait sa pauvre mère que la fatigue et l'inquiétude accablaient.

 Le lundi matin il avait avalé un trait d'eau de Lourdes qui lui restait. Le même jour, à onze heures, sa mère lui apporta un peu de macaroni, qu'ilrendit de suite comme il faisait de tous les autres mets. A cette vue elle ne put retenir ses larmes et dit à son fils d'une voix que la douleur étouffait : « Si tu priais la Sainte Vierge de te guérir, peut-être te guérirait-elle ! » Puis elle retourna dans la salle à manger, et laissa Alfred seul dans sa chambre, ayant soin cependant de ne pas fermer la porte derrière elle.

 La vue des larmes de sa mère avait fait au jeune malade une impression profonde, aussi à peine est-il seul qu'il s'écrie : « Notre-Dame de Lourdes, guérissez- moi ! » puis récite un Ave Maria.

  A peine a-t-il fini sa prière qu'il aperçoit à un des angles de sa chambre la Vierge Marie elle-même qui se montre à lui : la Mère de Dieu est vêtue de blanc, voile bleu, ceinture blanche, pieds nus, et d'une grandeur unpeu au-dessous de la moyenne. Des rayons lumineux s'échappent de ses mains étendues ; d'autres entourent sa tête et par leur éclat empêchent de distinguer les yeux : la chambre entière disparaît complètement aux regards d'Alfred et se trouve inondée d'une lumière extraordinaire. La vision n'a duré que quelques minutes ; mais à peine a-t-elle disparu qu'Alfred se sent radicalement guéri : dans sa joie il se lève debout sur son lit et s'écrie en portigais, sa langue maternelle : « Um milagre ! Um milagre ! Minha mai, eu saraei ! ». « Un miracle ! Un miracle ! Maman, je suis guéri ! » Comme on le pense bien, la pauvre mère accourt :la vision, il est vrai, avait déjà disparu ; mais à la vue de son fils debout sur son lit, le visage radieux et lui affirmant qu'il est guéri, Mme Fontès est saisie d'une émotion que le coeur des mères pourra seul comprendre.Alfred veut sauter de son lit et se mettre à manger : pour lui le doute n'est pas possible et il s'étonne même qu'on ne partage pas entièrement sa conviction? Sa mère le calme et obtient de lui qu'il restera couché jusqu'à l'arrivée du médecin. En attendant, il prend les aliments qu'on lui donne et les garde pour la première fois.

  A trois heures de l'après-midi le docteur se présentait et ce n'est pas sans une visible émotion qu'il constatait que la guérison était complète : le dégonflement du ventre s'était opéré sans aucune évacuation, les membres avaient reconquis leur souplesse et leur vigueur, et l'aspect du visage avait repris un air de vie qu'on ne pouvait sans étonnement comparer à la physionomie de la veille ; les douleurs intérieures avaient complètement cess é. Le docteur confirma donc parfaitement les affirmations de son jeune client et déclara qu'Alfred pouvait se lever, boire et manger, qu'il n'y avait plus aucune trace de la grave maladie qui l'aurait inévitablement conduit au tombeau en quelques jours. 

 

                                                          ATTESTATIONS DIVERSES CONSTATANT LES GUERISONS

 

 Sur la demande qui lui en a été faite, le docteur Crestey n'a point hésité à attester par écrit le résultat de ses observations, et voici le certificat signé de sa main: Paris, 20 mars 1873.

"Je soussigné, docteur-médecin, demeurant rue Lemercier, 48, certifie avoir donné mes soins à l'enfant Alfred Fontès, âgé de onze ans et demi, demeurant place des Batignolles, 8, à partir du 25 février. Cet enfant, qui sortait du Petit-Séminaire de Paris (Saint-Nicolas du Chardonnet), était malade depuis six semaines environ. Le docteur de la maison (M. COFFIN) l'avait soigné pour une affection du foie, compliquée d'ulcérations intestinales et stomacales. Lorsque je vis l'enfant, je constatai des désordres singuliers, qui peu à peu se généralisèrent du foie dans l'intestin et le péritoine, accidents qui ne purent être modifiés par les traitements ordinaires.

Quelques temps après, ces mêmes accidents gagnèrent l'estomac et il se produisit des vomissements qui devinrent incoercibles. Les aliments et les boissons cessèrent d'être tolérés, bien que l'enfant conservât un grand appétit et qu'il y eût absence totale de fièvre. Il y avait en même temps une douleur précordiale habituelle et une sensation douloureuse tout le long de l'oesophage. En même temps, et dès le début, je constatai chaque matin une expuition sanguinolente qui se produisait sans toux et qui cependant me paraissait provenir des bronches. Son état général empirant, je réclamai une consultation. M. le docteur MOUTARD- MARTIN, médecin de Beaujon, fut appelé. Il diagnostiqua une tubercole s'étalant en même temps sur le péritoine, et sur les organes thoraciques. Le pronostic fut de la dernière gravité. A partir de ce moment et durant quinze jours, les accidents ne firent que s'accroître, malgré tous les moyens employés. L'enfant en était arrivé à vomir constamment, non-seulement tout aliment solide ou liquide, mais même lorsqu'il n'avait rien absorbé.

L'état général s'empirait et ne laissait plus aucun espoir, lorsque le lundi 17 mars, à onze heures du matin, après que je venais de constater son état alarmant et des plus graves, l'enfant s'écria tout à coup qu'il était guéri. La mère accourut, constata que, en effet, le ventre qui, une heure avant, était extrêmement ballonné et douloureux, était subitement plat et insensible. En même temps l'enfant a pu manger sans vomir. La digestion s'est faite pour la première fois, la gaieté est revenue, les douleurs ont disparu, l'enfant s'est levé et a sauté dans la chambre avec des cris de joie.

Ces faits ont été constatés par moi le jour même, et j'affirme, en mon âme et conscience, qu'ils sont le résultat d'un miracle, toutes les données scientifiques ne pouvant expliquer une pareille chose. Cette guérison instantanée se maintient depuis trois jours et la guérison est absolue."

Dr. CRESTEY"

 

Le docteur COFFIN, médecin du Petit-Séminaire de Saint-Nicolas du Chardonnet a également consigné par écrit les observations qu'il avait faites sur la maladie du jeune Alfred Fontès, avant son départ du séminaire :

  "Le soussigné, docteur en médecine de la faculté de Paris, ancien interne des hôpitaux de la même ville, médecin d'Etat civil du Vème arrondissement, etc., certifie avoir vu plusieurs fois, dans le courant de janvier dernier, le jeune Fontès âgé de onze ans, élève du petit séminaire de la rue de Pontoise, 30. Cet enfant se plaignait d'inappétence, de constipation opiniâtre et d'inaptitude au travail. Vers le 30 ou 31 janvier dernier, je le trouvai à l'infirmerie, couché, sans fièvre, très somnolent, très prostré et atteint d'une légère hématémèse qui se calma au bout de deux ou trois jours sous l'influence du repos au lit et de quelques préparations de ratanhia. A ce moment, vers le 5 février environ, je constatai que le foie était volunineux et dépassait les fausses côtes de trois ou quatre travers de doigt au moins. Je revenais voir l'enfant le lendemain, pour rechercher les causes de ce rapide développement du foie, quand, trouvant sa mère près du lit, je l'engageai à prendre chez elle cepetit malade dont l'état me paraissait sérieux en raison du volume anormal du foie.

Dr. E. COFFIN Paris, le 26 mars 1873. "

 

Voici enfin M. le Curé de Sainte-Marie des Batignolles, paroisse d'Armand Wallet et d'Alfred Fontès, qui, en sa qualité de curé des deux enfants, vient apporter son témoignage à l'exactitude du récit de leur guérison.

PAROISSE SAINTE-MARIE – XVIIème arrondissement- DIOCESE ET VILLE DE PARIS.

  "Je certifie que la relation des deux miracles dont parle LA SEMAINE RELIGIEUSE du 20 mars est de la plus grande exactitude, et c'est comme curé de Sainte- Marie que je crois devoir en affirmer la parfaite vérité.

HEUQUEVILLE, curé"

  Nous n'avons rien à ajouter à ces divers témoignages, et tout homme de bonne foi se trouvera suffisamment éclairé. Du reste les organes ordinaires de la libre pensée et de l'irreligion n'ont point osé attaquer la guérison du jeune Fontès. M. LOCKROY, du RAPPEL, insiste même à cet égard et ne veut entendre parler que de l'affaire Wallet : il est manifeste que le certificat du docteur Crestey le gêne : le fait est évident et le médecin déclarant sans détour que scientifiquement la guérison du jeune Fontès est inexplicable et qu'elle est le résultat d'un miracle, ce pauvre M. Lockroy se trouble, dat le Rappel et déguerpit.

  En terminant ce modeste récit nous éprouvons le besoin d'adresser nos sincères félicitations à M. le docteur Crestey : il n'a fait que son devoir sans doute, en exprimant franchement sa pensée, mais combien de docteurs en pareille circonstance auraient eu le courage de leur opinion, et ce courage est d'autant plus méritoire qu'il pouvait aller contre les propres intérêts de l'honorable docteur. Les Batignolles ne passent point en effet pour un pays de pieux dévots et nous doutons fort que cette déclaration chrétienne augmente le nombre des clients du docteur ; mais l'estime des honnêtes gens lui est acquise. 

Dieu saura bien le récompenser d'avoir rendu hommage à la vérité. Il est du reste toujours doux au coeur de l'homme d'honneur de pouvoir se dire : J'ai loyalement mis en pratique la noble devise de nos pères : « FAIS CE QUE DOIS, ADVIENNE QUE POURRA ».

                                                                     °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

BnF :Relevé sur Gallica ISSN 01825852  Conributeur Jouvin Benoît, Directeur de publicationLe Figaro (Paris).

Le Figaro n°137 du 18 mai 1875 : Choses du jour,

          "Demain mercredi, la goëlette l'Eclipse, en ce moment amarrée à la berge du Pont-Royal à Paris repartira pour Arcachon, avec son petit équipage composé de deux capitaines, MM. Hazera et Mahé, de deux professeurs, d'un pilote, d'un cuisinier et de six élèves, tous jeunes gens de très bonne famille, âgés de 16 à 18 ans, et parmi lesquels se trouve l'arrière petit fils du ministre de la marine sous Louis XVI, M. de Fleurieu. Ce sont ces jeunes gens qui font la manoeuvre de timonerie, en vrais matelots, et qui vont courageusement doubler le cap de La Hague et les îles d'Ouessant, absolument comme s'ils étaient de vieux marins rompus à tous les périls.

     J'ai voulu voir de près ce petit équipage avant son départ, et j'ai eu le plaisir de trouver à bord le directeur de l'école maritime dont l'Eclipse est provisoirement le navire d'excursion. C'est un dominicain d'Arcueil, le R.P. Baudrand, un des plus zélés et des plus intelligents disciples du père Captier.

     Tansis qu'il était professeur de philosophie à Arcueil, le R.P. Baudrand faisait les plus louables efforts pour créer un enseignement maritime commercial. Les officiers de la marine marchande se recrutent parmi les aspirants au corps d'officiers de l'Etat, qui ne prennent la carrière commerciale, le plus souvent, que parce qu'ils sont pauvres. Le R.P.Baudrand pense, qu'à l'exemple des Anglais, les jeunes gens riches qui veulent devenir armateurs ont avantage à faire d'abord le métier de Capitaine au Long Cours. Comme l'école d'Arcueil contenait un certain nombre d'enfants venus de nos grandes villes maritimes, on leur donna pour maître un brave officier de marine nommé Gauquelin, qui fut assassiné par les Communeux aux journées de mai 1871, en même temps que les pères. Cela ne découragea pas le R.P. Baudrand. Après la guerre et la Commune - époque pendant lesquelles il avait servi comme amvulancier - il se rendit à Arcachon pour y fonder, au bord de la mer, une division spéciale maritime de l'école-mère d'Arcueil.

     Aujourd'hui, il compte 35 élèves; 18 qu'il a formés, suffisamment éclairés sur leur vocation et parfaitement instruits, ont quitté l'école pour entreprendre de grands voyages, comme officiers à bord des navires du commerce. En si peu de temps, c'est un très brillant résultat obtenu.

     L'idée d'être marin est souvent suggérée aux enfants par la lecture de livres de voyages. Ce sont des vocations quelquefois peu solides et le noviciat d'Arcachon a cela de bon qu'il les éprouve et permet de donner une autre direction aux élèves qui n'auraient pas de dispositions naturelles pour ce métier. La maison du R.P Baudrand est une école professionnelle navale. L'enfant y montre son goût pour la marine militaire ou la marine commerciale. S'il veut être marin du commerce, on le garde. S'il veut servir l'Etat, on l'envoie dans les écoles spéciales. S'il y échoue, l'école d'Arcachon le reprend, et n'étant pas liée par les règles sévères des institutions militaires, en fait un bon marin de commerce tout de même. Au besoin on y met le temps.

     On comprend que, pour rendre cette éducation maritime plus complète, le R.P. Baudrand ait songé à avoir un navire. C'était là son rêve, et l'Eclipse, admirable petite goëlette construite pour la promenade, ne le réalisa que dans de bien minces proportions. Ce voyage, accompli avec d'aussi faibles moyens et pourtant couronnée de succès, montra ce que pourrait bien faire l(école c'Arcachon si elle possédait un beau brick. Ce serait pour ses élèvespour les futurs Capitaines au Long Cours, ce qu'est le "Borda" pour les futurs officiers de la marine militaire.

     Avec un brick, le R.P. Baudrand ferait entreprendre à ses élèves de grands voyages. Il pourrait aussi emmener des passagers pris parmi les enfants des autres écoles tenues par les dominicains, et qui ne se destinent pas à la marine. Il y a intérêt, pour ceux-mêmes qui veulent suivre des carrières sédentaires, à connaître les moeurs commerciales des pays d'outre-mer. Déjà, en 1868 et 1869 le R.P. Baudrand a conduit en Amérique, pendant les vacances, un certain nombre d'élèves de l'école d'Arcueil.

     C'était pour ces jeunes gens un enseignement très profitable et qui complétait admirablement une solide instruction. Dès que l'école d'Arcachon aura son brick, ces voyages pourront se faire à peu de frais.

     L'Eclipse n'est donc venue à Paris que pour servir de démonstration. Quelqu'élégant qu'il paraisse au dehors, c'est tout à fait un navire école. Les jeunes gens y vivent comme de simples matelots. De 5 à 7h du matin, il faut les voir laver à grande eau le pont du navire, fourbir les cuivres et mettre tout en ordre, avant de procéder à leur toilette. A 7h, ils font la prière et se réconfortent avec un bon morceau de biscuit et une tasse de café. A 7h1/2 la leçon d'hydrographie commence. Elle est suivie d'une leçon de mathématiques. A 10h on déjeune. A 11h on va à terre sous la conduite des professeurs, ou on se livre aux manoeuvres de timonerie.

     Le séjour à Paris est bien employé par ces jeunes gens. On leur a fait voir le Musée d'Artillerie, le conservatoire des arts et métiers, le Musée de Marine, l'Exposition des beaux-arts, l'Exposition algérienne, le Panorama, la Monnaie, le Jardin des Plantes, le Jardin d'Acclimatation et hier, lundi, Versailles. En route, ils ont visité les arsenaux de Brest et de Cherbourg, le port du Havre, les transatlantiques, toutes choses intéressantes d'où leurs professeurs ont tiré des éléments dinstruction pratique. A 5h on dîne à bord de la goëlette. Puis on fait 2h de français et de géographie, et chaque élève, avant de se coucher, doit noter sur un journal particulier ses impressions de la journée. Les jeunes marins font le quart de nuit. Ils n'ont, vous le voyez, que la somme de repos strictement nècessaire.

     La discipline est d'une grande sévérité. Hier, par exemple, un élève était privé de promenade et condamné à quatre heures de pont, uniquement parce qu'il avait le matin une tache à son veston d'uniforme. C'est omme cela qu'on fait les vrais marins.

     En route, une moitié de l'équipage est à la manoeuvre tandis que l'autre est au repas, à la leçon ou au repos. Dès que le navire marche, un élève ne dort jamais plus de quatre heures sans interruption. Et cela n'enlève rien à leur bonne humeur, je vous assure. Quelque rude métier qu'ils fassent, ces jeunes gens, tous riches, prennent le voyage pour une longue et instructive récréation.

     L'Eclipse nous quitte demain, je le répète, pour recommencer une route qui, en raison de la petite dimension de ce navire peut être considérée comme un grand voyage. Nous lui souhaitons tous les bonheurs, à lui, et à l'idée féconde qu'il représente. Que les vents lui soient favorables et que les hommes qui tiennent dans leurs mains le pouvoir nècessaiore pour donner à l'école d'Arcachon l'extension qu'elle mérite pensent un peu à ces six enfants qui font ainsi gaîment ce rude apprentissage du métier de marin. Il est impossible qu'une aussi belle institution ne grandisse pas, et ne devienne pas une de nos écoles les plus puissantes, comme elle est déjà une des plus utiles.

                                                                                                                                 Alfred d'Aunay."

 

 

                                                                          °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

L'AVENIR D'ARCACHON du 1er juillet 1876 :

    On lit, dans le Figaro du 23 juin : "Ce matin, à 6h, le père Baudrand, le directeur de l'Eclipse, est venu nous réveiller. Nous l'avions rencontré hier à Cazaux, escorté de ses petits marins, et il nous avait fait promettre de venir passer une journée à son bord. Nous avons trouvé l'Eclipse mouillé à 100 mètres de la plage. Nos lecteurs connaissent déjà cette jolie goëlette de 38 tx sur laquelle l'Ecole d'Arcachon est venue l'an dernier jusqu'à Paris. Nous y avons passé une journée délicieuse. La brise était fraîche et l'on avait donné au bateau toute la toile qu'il était susceptible de porter. Il fallait nous voir filer sur le bassin. Il fallait assister aux manoeuvres de nos seize petits matelots dont le plus vieux a 17 ans.Il fallait être là quand un coup de vent emportant 2 voiles à l'avant procura au jeune équipage et à Maître André, le vieux loup de mer qui le commande, l'occasion de montrer son savoir-faire et son intrépidité dans les grandes occasions.

    C'est vraiment une belle oeuvre que celle du père Baudrand. Ils sont là une soixantaine de jeunes gens appartenant aux meilleures familles de France, qui vivent de la vie de matelot, et dont on fait des hommes bien mieux que dans les collèges des villes. Parmi les rameurs du canot qui nous a conduits à la goëlette, il y avait les jeunes Sternak, Chadsk, Seroux, de Torcy ; sur le livre du bord j'ai relevé les noms de Paul éval, Forcade Laroquette, de Gromard, Boutros, de Romans, etc. etc. Tous ces jeunes gens s'astreignent aux services les plus durs. (...)"         

                                                                                                                                                                       Fernand de Rodays.

 

 

                                                                                   °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

 

 

 

Le Figaro n°78 du 19 mars 1877.

Arcachon, 17 mars 1877 :

         " Paris a vu il y a quelques années, la goëlette l'Eclipse où se trouvait l'Ecole centrale maritime dirigée par le R.P. Baudrand, dominicain.

     La goëlette est remplacée aujourd'hui par le trois mâts-barque Saint Elme et c'est à son bord que les jeunes gens de l'Ecole vont faire leur voyage annuel. La campagne décidée a pour objectif les côtes de l'Afrique française, de l'Italie, de la Corse, du Midi de la France, du Portugal, et de l'Espagne. Le dèpart est fixé aux premiers jours d'avril. Le retour aura lieu approximativement vers la fin du mois de juillet."

 

 

 

 

27 avril 1877 : appareillage du Saint Elme de Cap Ferret, avec 25 élèvers à bord.

11 mai 1877 : Saint Elme mouillé à Oran.

28 mai 1877: Arrivée à Alger.

14 juin 1877: le père Baudrand rejoint le Saint Elme à Alger ( traversée sur le "Bastia" de Marseille à Alger).

26 juin 1877 : Arrivée à Naples. Les élèves prennentle train pour Rome.

5 juillet 1877: ils sont reçus en audience par le Pape Pie IX.

10 juillet 1877 : Appareillage de Naples.

23 juillet 1877 : Arrivée à Marseille.

14 septembre 1877 : Retour du saint Elme dans le bassin d'Arcachon.

 

L'AVENIR D'ARCACHON : 16 septembre 1877 : "Le Saint Elme est rentré avant hier, vendredi, dans le bassin d'Arcachon qu'il avait quitté depuis plus de 5 mois. Une visite rapide à bord a permis de constater que l'équipage de Saint Elme n'avait rien perdu de son entrain et de sa bonne santé. Hier samedi ces jeunes gens ont du repartir dans leurs familles, après avoir assisté à une messe d'action de grâces et à un petit banquet d'adieu. En raison de la prolongation de ce voyage, l'époque de la rentrée des élèves du bord sera probablement retardée jusqu'au 25 octobre.

                                                                          °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

 

Arcachon, 12 février 1881 :

          "Une tempête épouvantable est déchaînée sur le bassin d'Arcachon depuis 24 h. Un grand nombre d'embarcations ont été déjà brisées ou emportées par la violence de la mer. Heureux les marins qui cematinà mer basse ont pu mettre en lieu sûr leurs bateaux coulés pendant la nuit.

     La goëlette l'Eclipse, de la flotille des Pères dominicains, qui conduisit à l'Exposition les élèves de l'école maritime achassé sur ses ancres. Les bateaux à vapeur de pêche doivent attendre en pleine mer la fin de l'ouragan."

 

                                                                             °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°      

 

                   L'AVENIR D'ARCACHON du 30 mai 1877.

                     Voyage du Saint Elme.

                   Rapport de mer de M. Lamanie de Clairac, capitaine du Saint Elme.

                 à M. Auger, capitaine de Frégate en retraite, commandant l'École d'Arcachon.                 

 

                                                                                                                                Oran, le 12 mai 1877,

 

          Je suis heureusement arrivé à Oran hier vendredi 11 mai à 9h1/2 du matin, après une traversée de 13 jours et quelques heures.

 

 

                                                                            .......................................................

 

 

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https://leonc.fr/laville/saintelme/saintelme.htm 

 

http://excerpts.numilog.com/books/9782402561365.pdf 

 

https://www.paris-treizieme.fr/page9.php?Z=1871-Dom-proc%C3%A8s-07 

 

https://www.shaapb.fr/histoire-de-lecole-saint-elme-darcachon-1/

 

http://souvenirchouandebretagne.over-blog.com/article-les-dominicains-d-arcueil-ou-1793-bis-ou-crimes-communistes-suite-74634699.html 

 

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Le charqueador et le bagnard.
  • Plus aucune trace de lui... Pas même une pierre tombale. Deux frères nommés Jean-Baptiste : l'un mon aïeul, vice-consul de France au Brésil ; l'autre, bagnard condamné, en 1829, aux travaux forcés à perpétuité, pour crime contre la religion de l'Etat.
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