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Le charqueador et le bagnard.
28 avril 2015

Les enfants de la Charité à Marseille

 

 

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Mairie de Lorgues - arrondissement de Draguignan

                ----------------------------------------

Du Vingt cinq juillet an mil huit cent douze, à six heures du soir.

   ACTE DE NAISSANCE de François Roux

né à Lorgues le jour d'hier à sept heures du matin

fils de Louis Roux, taillandier

et de Justine Roquemaure, domiciliés en cette ville, Rue du Marché

Il a été vérifié que l'enfant est du sexe masculin

Sur la déclaration à moi faite par le dit Roux père de l'enfant

Premier témoin, le sieur Sausède, serrurier, âgé de quarante six ans

Second témoin, le sieur François Marius Trotobas, cordonnier, âgé de vingt huit ans, tous deux domiciliés dans cette ville

Et ont, les déclarants et témoins, signé à part le Déclarant pour ne savoir.

Constaté, suivant la loi, par moi Pierre Honnoré Denis Allaman

maire de Lorgues remplissant les fonctions d'officier public ; et lecture du présent Acte a été donnée à la partie déclarante et aux témoins.

                 ----------------------------------------

 

Recherches effectuées au Service Historique de La Défense à Toulon en septembre 2009 :

REGISTRE DES MOUSSES PROVISOIRES- 1817-  de 1 à 171, page 144 :

  - au 30 décembre 1824

   Numéro: 565 - François Roux, né le 24 juillet 1813 à Lorgues (Var) - Poil châtain

    - Fils de Louis Roux et de Justine Roquemaure

    - ENFANT DE LA CHARITÉ.

  22 juillet 1824 : à la côte avec Capitaine Auguste Rousset    10_21  de La Ciotat

  Rapp. Aux Mousses p.207 F°16 - 1647

 

 

 Recherches effectuées les 9 et 10 décembre 2013, à Marseille aux Archives départementales Gaston Defferre:

- ref: 473 :

François ROUX:

Date de l'admission: 24 mars 1824

Cause de l'admission: Décision de la Commission exécutive d'hier 23 mars 1824. Age: 11 ans

24 mars 1824: envoyé à la Charité.

 

 

 

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Né à Lorgues, département du Var, le 24 juillet 1812. Baptisé le 28 juillet 1812 à Lorgues. Fils de feu Louis ROUX, vivant taillandier et de Justine ROQUEMAURE.

D'en c/v rue de l'Etoile n°1 devant la porte de la sacristie des Recollets.-Vacciné; a eu la rougeole et la coqueluche.

Remis aux parents le 28 juin 1827, venu de la Charité et rendu à ses parents sur ordre de l'administration.


- Entré à L'Hôtel-Dieu de Marseille le 29 juillet 1828: François ROUX, âgé de 14 ans, né à Lorgues, Var, demeurant à Marseille, rue de la Guirlande, n°3, fils de feu Louis ROUX taillandier et de Justine ROQUEMAURE. Blessé.
Sorti le 2 août 1828. 

 

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°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°L'Hôtel-Dieu°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

 

    À Marseille, l'oeuvre des Soeurs de Saint Charles de Lyon débute en février 1822.Ce fut Mlle de DEMANDOLX, Présidente des Demoiselles de la Providence, qui fit appel au concours des Soeurs de Saint-Charles pour la direction d'un Orphelinat de Jeunes Filles.

  (Les débuts furent modestes. Les soeurs au nombre de trois, sous la responsabilité de Mère Fouillat Saint Josepf furent installées au 43 rue du Panier. Les petites filles hospitalisées n'éraient encore que neuf. Cette oeuvre d'Hospitalisation, appelée « La Grande Proviodence » connut un développement rapide et fut le point de dèpart du travail des Soeurs de Saint Charles. Cet orphelinat dut pour cela déménager, les bienfaitrices, à la tête desquelles étaient Mlle Caroline de DEMANDOLX, installèrent une maison dans un quartier de la ville, à l'extrémité de la paroisse Saint-Vincent de Paul, sur les pentes de la colline Saint Charles en bordure de l'actuel bld Voltaire, angle rue des Héros. Elles en firent l'acquisition en 1825, aidées d'un secours de 30.000 francs que leur accorda la Municipalité.)

  En effet, la grande mission de 1820, prêchée à Marseille par 18 Missionnaires de France, sous la conduite de l'Abbé de Forbin-Jouson et de six Missionnaires de Provence, dirigés par l'Abbé Eugène de MAZENOD, eut les conséquences de créer une association religieuse d'hommes sous le nom d' "Association Religieuse des Hommes de la Providence".Les femmes ne restèrent pas en retard et, presque en même temps, fut constituée « l'Association des Demoiselles de la Providence ».

 

  Les personnes de l'un ou l'autre sexe qui sous le même titre pieux allaient se consacrer aux mêmes oeuvres de charité, les une pour les garçons, les autres pour les filles, appartenaient à l'élite de la noblesse et de la bourgeoisie. Citons quelques noms à résonance bien marseillaise: ROUX, MAZENOD, PLASSE, de CHANTERAC, de POSSEL, de SURIAN, de MONTGRAND, PECHIER, CROZET, SAMATAN, de GERIN-RICARD, VILLENEUVE, TRANS, BONSIGNOUR, DECORMIS, SIGNORET, CRUDERE, RICORD, SAVINE, ROBERTY, de BARBERIN, de DEMANDOLX.....................

  La délibération du conseil Municipal du 30 décembre et de l'archevêque d'Aix du 19 mars 1823 (il n'y avait pas d'évêque à Marseille à ce moment-là) autorisa l'installation des Soeurs de Saint-Charles. Soeur BERGERON Sainte-Théodosie, qui dirigeait le noviciat à Lyon, fut désignée pour la fondation de la Maison des Ecoles à Marseille.

  Successivement se sont ouvertes, après les 3 écoles initiales de la Major, des Carmes et de Notre Dame du Mont, celles de Saint-Pierre, de la Belle de Mai, du Vallon de l'Oriol, d'Endoume, du bld Vauban et bien d'autres.

  Chaque curé voulait avoir des Soeurs dans sa paroisse.

  A la date du 10 septembre 1875, les écoles communales, au nombre de 16, furent confiées aux Soeurs Saint-Charles pour une période de 10 ans....

  Il s'en fallut de peu qu'en 1830, la Congrégation n'acceptât le service de l'Hôtel-Dieu de Marseille où l'appelaient, de concert, le Maire et la Commission Administrative des hôpitaux civils.

 De 7 à la fondation de la Maison des Ecoles en 1824, les religieuses de Saint Charles de Lyon étaient au nombre de 70, 45 ans plus tard!

1829: ouverture de l'école Sainte-Anne ou 4 pl. St Michel (actuellement place J.Jaurès)


1838: Ouverture d'une école de filles dans le quartier de la Belle de Mai sur la paroisse de Saint Charles.

1853: Ouverture de l'établissement scolaire de Saint Pierre les Marseille.

1860: l'abbé Guil, curé de la paroisse de Saint Charles confia aux soeurs la direction d'une école d'apprentissage de travaux de couture, modes et lingerie. Baptisés « La Petite Oeuvre », cette école resta sous la direction des soeurs de Saint Charles jusqu'en 1864. Elles passèrent alors la main aux soeurs de Saint Vincent de Paul. 

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"LES ENFANTS ABANDONNÉS ET LES ENFANTS NATURELS : HISTOIRE, SOURCES
ET MÉTHODES DE RECHERCHE"


MYRIAM PROVENCE

 

 

  Les généalogistes découvrent parfois qu’un de leurs ancêtres était un « enfant trouvé », et dès lors les recherches pour cette branche deviennent difficiles, voire impossibles.
 Nous allons situer l’enfant trouvé ou encore dit « abandonné », « nourri » ou « assisté », dans le contexte historique des temps anciens au XIXe siècle, étudier les différents types d’abandon, et enfin aborder les sources qui vont nous permettre d’élucider certains secrets.

 De nombreuses études nous disent que l’abandon des enfants est un phénomène social, mais aussi une manifestation économique. Social lorsque l’enfant est dit « né du péché » – fille mère ou enfant illégitime – et économique lorsque le prix du blé oblige les familles à l’abandon, ou lorsque des mesures d’ordre matériel, telles en 1883, la baisse des allocations versées aux filles mères, contraignent aussi à l’abandon. Les causes sont les mêmes quelque soit les époques. On peut dire que les abandons sont de tous les pays et de toutes les époques.

HISTORIQUE

 1 – Dans les temps anciens...


 Depuis l’Antiquité où le Conseil des Anciens décidait de la vie ou de la mort d’un nourrisson à la Rome antique où le père de famille avait le même droit sur ses enfants, en passant par l’Égypte où les nouveaux-nés étaient confiés au hasard du Nil, on tolérait l’exposition des nouveaux-nés.
Pas plus que les Égyptiens, les Juifs n’abandonnaient leurs enfants. Lorsque l’Empire est devenu chrétien au IVe siècle, l’exposition des enfants fut interdite. En 374 après JC, la loi impériale décide que celui qui expose son enfant encourra une condamnation capitale.

2 – L’exposition des enfants en France.


 En France, l’exposition des enfants aux portes des églises remonte au IVe siècle. Le premier asile pour enfants fut fondé par l’évêque d’Angers au VIIe siècle. Montpellier s’est vu doté d’un hôpital maternité dès le Xe siècle sous l’égide de Guy de Montpellier, établissement qui dispensait des soins gratuits et qui recueillaient les enfants abandonnés jusqu’à leur adolescence.
 L’Église s’efforça de secourir les enfants, entre autre certaines municipalités importantes comme Marseille s’illustrèrent dans ce secours dès le XIIIe siècle. On ne reconnaissait pas aux parents le droit d’abandonner leur enfant, ni aux femmes le droit d’avorter. Aussi les crieurs publics annonçaient-ils la découverte de tout enfant avec promesse de récompenses aux délateurs. L’exposition d’enfants était sévèrement punie et si la mort survenait les auteurs pouvaient être conduits au bûcher.


3 – L’accueil dans les hôpitaux alors propriété de l’Église.


 À Paris, plusieurs établissements accueillirent les enfants délaissés. L’Hôpital du Saint-Esprit-en-Grève fut créé dès 1363 pour s’occuper des enfants trouvés. L’Hôpital des Enfants-Rouges reçut les enfants dont les parents étaient hospitalisés à l’Hôtel-Dieu en 1531. Quant à l’Hôpital de la Trinité, il réceptionna dès 1545 les enfants de plus de six ans dont les parents étaient internés ou emprisonnés.


4 – Les déclarations de grossesse.


 En février 1556, l’Édit d’Henri II « sur le recelé de grossesse et d’accouchement » visait à prévenir essentiellement les infanticides. Il fit obligation à toutes filles et veuves de déclarer leur grossesse dès le moment où elles avaient connaissance
de celle-ci. En cas de non déclaration, la présomption d’homicide était  
automatiquement retenue contre la mère si elle venait à avorter ou si l’enfant décédait à la naissance. La peine encourue était la pendaison.

 Bien que la loi n’en fit pas une obligation, la femme enceinte était souvent invitée à dénoncer son complice, d’où l’intérêt généalogique des dites déclarations.

 Il conviendra cependant d’accueillir avec réserve les accusations.
 L’Édit qui devait être rappelé quatre fois l’an au prône de la messe paroissiale neprévoyait pas de façon explicite le lieu où les déclarations devaient être faites.
 On trouvera généralement celles-ci dans les archives judiciaires, en série B des Archives départementales ou plus rarement, dans les minutes notariales.
 Certaines déclarations de grossesse datent du Directoire dans les registres de Justices de paix. Cette pratique aurait perduré selon certains auteurs jusqu’en1830.
 Il semble bien qu’à la fin du règne de Louis XIII (1610-1643), il n’existait pas d’organisation spécifique pour la prise en charge de ces enfants trouvés.  En principe, il revenait aux seigneurs hauts justiciers de financer leur placement. Ils s’en déchargeaient auprès des religieuses et des prêtres. Les enfants étaient parfois envoyés dès l’âge de 12 ans pour peupler les colonies françaises. La situation des délaissés est alors dramatique.


5 – Saint Vincent de Paul et la Maison de la Couche.


 En 1638 Saint Vincent de Paul (1581-1660) avec Louise de Marillac et ses filles de la Charité mirent en place une aide aux enfants trouvés – « l’œuvre des Enfants trouvés de PARIS » – qui allait devenir la très importante Maison de la Couche. Installée sur le parvis de Notre-Dame, elle reçoit les nouveaux-nés et les enfants en bas âge. En 1648, elle accueillait plusieurs centaines de malheureux. Ce n’est qu’en 1670, soit dix ans après la mort de Saint Vincent de Paul, que son
œuvre sera officialisée par un Édit royal qui « unit » l’Hôpital des Enfants trouvés à l’Hôpital général ; cette fusion lui assura une administration solide et une base Louise de Marillac de ressources régulières. En effet, c’est Colbert qui proposa la réglementation dont est issue la législation actuelle.
Sous l’impulsion de Saint Vincent de Paul, les dames de la Charité vont aussi fonder deux autres institutions :
– l’orphelinat du faubourg Saint-Antoine qui admet les enfants abandonnés ou orphelins de plus de deux ans.
– l’hospice de la Pitié qui comprend un orphelinat.
Sous l’Ancien Régime le secours aux enfants trouvés dépendait donc de la charité des redevances versées aux hôpitaux, qui étaient la propriété de l’Église ; les enfants étaient ainsi confiés aux hospices et étaient élevés parmi les vieillards, les malades et les indigents.
Désormais les « abandonneurs » peuvent, sans risque, déposer les enfants, en un lieu précis.


6 – La création du «tour ».


 On créa à la porte des hospices le « tour » à partir du milieu du XVIIIe siècle – le « tour » est un cylindre installé dans la muraille, ce cylindre pivote sur un axe. Un côté du cylindre est ouvert. Le côté fermé fait face à la rue. Une cloche extérieure est placée à côté. L’abandonnant avertit la garde grâce à cette cloche. Le cylindre est alors manœuvré et présente l
e côté ouvert à l’extérieur. L’enfant est déposé. Le cylindre tourne vers l’intérieur. Et l’enfant est pris en charge par la garde – ce système permettait de garder l’anonymat –. Ce système se généralisa en 1811 par le décret du 19 janvier qui le systématise, un par chef-lieu d’arrondissement. Jean Baptiste ColbertVers 1830, on compte près de 250 tours. Les tours disparaîtront petit à petit, et seront supprimés par la loi du 27 juin 1904. La Révolution est une étape importante. C’est ainsi qu’on assiste à un changement radical. La destruction de l’assistance traditionnelle dispersée entre de très nombreuses institutions a conduit l’État à repenser l’encadrement de l’abandon à la dimension nationale.

7 – La Nation se charge des enfants abandonnés.


 C’est ainsi que la loi du 28 juin 1793
fait obligation pour la Nation de se charger des enfants abandonnés qui seront appelés « orphelins », supprimant ainsi la discrimination qui existait entre les orphelins et les « sans nom ». Dès le mois de janvier 1793, les juges de paix eurent pour tâche de dresser des procèsverbaux d’abandon qui devaient être transcrits sur le registre des actes de naissances. Précédemment à cette mesure aucun acte n’était dressé. Dans ces transcriptions, sont mentionnés l’âge apparent de l’enfant, les marques extérieures, les vêtements et tout autre indice.
Les pionniers de l’Assistance aux enfants ne songeaient, semble-t-il, qu’à sauver véritablement des bébés en péril, passé 1750, et
encore plus après 1811, il y a eu une sorte d’encouragement au rejet des enfants. La suppression des tours en
1863 et le paiement d’aides aux filles mères amorça une baisse des abandons.
En effet, peu élevé au XVIIe siècle l’abandon grossit de façon étonnante au XVllle siècle. Par exemple à Paris en 1640, 372 enfants sont entrés à l’Hôpital des Enfants. En 1772, on en compte 7 690, en 1831, ils sont 35 863.
Au niveau national, le chiffre des abandons à la veille de la Révolution est estimé à 40 000. En 1815, le chiffre passe à 80 000 pour atteindre 131 000 en 1833.
 On entend par « enfants assistés », les enfants abandonnés, les enfants trouvés, les enfants délaissés par faute de moyens, les enfants abandonnés moralement par déchéance paternelle, les orphelins, les enfants dits en « dépôt » – à partir de 1820, l’abandon définitif d’un enfant est précédé d’une période transitoire pendant laquelle il est mis au dépôt ; l’enfant peut alors être repris par ses Religieuses et nourices donnant les premiers soins aux enfants abandonnés par les parents – parce que les parents sont détenus ou malades.
Le règlement de 1845 rend obligatoire ce passage au « dépôt », et la loi de 1904 confirmera cette pratique.
Des familles nourricières prirent en charge tous ces enfants contre dédommagements, ce qui entraîna quelques abus. Certains parents abandonnaient leurs enfants pour les accueillir ensuite en tant que familles nourricières. Ce fait fut contré en envoyant les enfants à plus de 150 km du lieu de l’abandon. Les enfants furent alors convoyés par terre ou par eau vers les nourrices.
À Paris existait un Bureau Principal des Nourrices, situé rue Sainte-Appoline, et ce jusqu’en 1868.


L’ASSISTANCE PUBLIQUE NAÎT EN 1849
C’est en 1849 que tous les hôpitaux reçurent l’appellation générale d’Assistance publique.


8 – Évolution et transformation : 1849/1985.


 Dès 1863, la formule du dépôt secret dans les bureaux ouverts est amorcée. 

 La protection des enfants du premier âge est organisée par deux lois, l’une en 1874, l’autre en 1877. Celles-ci stipulent que dans chaque département le préfet dirige le Service des enfants assistés. Cette direction consiste à faire surveiller les enfants placés en nourrice par des médecins. Les registres de placements sont tenus par les secrétaires de mairie.

 La loi du 30 juin 1904, relative au Service des enfants assistés a détaché l’Assistance publique des hôpitaux ; elle lui a donné son organisation actuelle reposant en totalité sur l’État et les Départements. Cette loi a pour but de :


– faciliter l’admission des enfants assistés,

– éviter les transferts d’enfants d’un département à un autre, – augmenter les pensions accordées aux nourrices,

– verser un secours aux familles,

– confier la tutelle aux Préfets,

– remettre le Service des enfants assistés aux Conseils généraux,

– déclarer les enfants assistés « Pupilles de la Nation » ð l’État devenant père
et mère de l’enfant.


 En 1956, l’ensemble des services a pris le nom d’Aide Sociale à l’Enfance. Depuis 1985, la gestion des enfants assistés est assurée par la Direction de l’Action Sociale de l’Enfance et de la Santé (DASES), 94-96 Quai de la Râpée, 75012 Paris, tel 01.43.47.71.37. Cette administration a hérité des dossiers
traités antérieurement par l’administration générale de l’Assistance publique. Tous les dossiers de moins de cent ans y sont conservés.L’ABANDON


9 – Les différents types d’abandons.


 L’abandon loin d’un lieu d’habitation, d’une source de chaleur ou de toute activité humaine, peut être considéré comme un meurtre puisque l’enfant ainsi oublié n’a aucune chance de survie.
 L’abandon qui avait lieu à la porte d’une église, d’un commerce, dans le « tour » des hôpitaux, permettait peut-être à l’enfant ainsi délaissé d’atteindre l’âge adulte.
 Il faut distinguer trois types d’abandons :


– anonyme c’est-à-dire sans aucune marque de reconnaissance est un abandon qui laisse deux possibilités, la destruction ou la préservation de l’enfant, c’est ainsi que le lieu du dépôt est important,


– semi-anonyme c’est-à-dire avec une marque, une note ou un signe de reconnaissance est un abandon qui permettra à l’enfant d’être récupéré,


– soit non anonyme, il s’agit alors :
– d’enfants légitimes, mais les parents miséreux et incapables d’assurer une bouche à nourrir ou bien la mère est veuve ou pauvre ou bien encore délaissée par son mari,
– d’enfants naturels,
– d’enfants illégitimes, car la mère est mariée,
– d’enfants dont les parents sont emprisonnés,
– d’orphelins,
– d’infirmes.


Le processus est le suivant depuis 1802 :


– un juge de paix dresse un procès-verbal de ses constatations sur l’enfant,
– le procès-verbal est porté à l’état civil de la mairie de Tours,
– l’officier de l’état civil enregistre l’enfant sur le registre des naissances et lui donne deux prénoms,
– le procès-verbal est consigné dans le registre des procès-verbaux des Enfants assistés de l’Hôpital général, avec les deux prénoms donnés par l’officier municipal, 

– l’enfant est baptisé à la chapelle de l’Hôpital.

 


LES ENFANTS ASSISTÉS À PARIS


On compte 5 000 à 6 000 dossiers d’Enfants assistés par an à Paris aux XVIIIeet XIXe siècles.
La DASES ou Direction de l’Action Sociale de l’Enfance et de la Santé assure depuis 1985 la gestion des Enfants assistés et a hérité des dossiers traités antérieurement par l’administration générale de l’Assistance Publique. Tous les dossiers de moins de cent ans y sont conservés.Les Archives de la Seine (18 Boulevard Sérurier, 75019 PARIS) conservent la partie ancienne du fonds depuis 1640, jusqu’en 1999. L’instrument de recherche à utiliser est le répertoire numérique du fonds des Enfants assistés.


Délais de communicabilité.
Les délais de communicabilité sont fixés à 60 ans, à compter de la clôture du dossier, soit 85 ans après la naissance de l’intéressé – la clôture intervenant lorsque le Pupille atteint l’âge de la majorité légale qui était de 25 ans à l’époque. Certaines pièces peuvent être soumises à un délai de communicabilité plus long : 150 ans si informations de nature médicale, 100 ans si informations de nature judiciaire ? Il peut y avoir dérogation : les descendants des Pupilles peuvent en bénéficier.
L’accès du Pupille à son propre dossier est garanti par la loi du 17 juillet 1978, article 6 bis. Toutefois si l’un des parents a exprimé la volonté de préserver le « secret des origines » de l’enfant, l’obligation de secret est imprescriptible.


LA MÉTHODE DE RECHERCHE


 Toute enquête concernant un enfant assisté sous l’Ancien Régime et au début du XXe siècle implique des investigations dans les registres propres à chacun de ces trois établissements.
Quel que soit l’établissement concerné ou le mode d’entrée, la recherche s’organisera de la manière suivante :


1° La consultation des répertoires alphabétiques.
Les répertoires indiquent la date de réception de l’enfant et le numéro d’immatriculation qui lui a été attribué. Ces éléments servent de fil conducteur pour toute la suite de la recherche.


2° La consultation des registres chronologiques d’entrées.
Les enfants y sont classés dans l’ordre d’arrivée, ce qui détermine l’attribution des numéros d’immatriculation.
Les registres d’entrée comportent plus d’éléments qu’un simple enregistrement. Ils donnent un résumé de tous les éléments constitutifs du dossier de l’enfant.
Pour chaque nouvel arrivé sont indiqués ses nom et prénom, la date de réception et le matricule, l’âge présumé ou la date de naissance, la provenance maternité, arrondissement ou localité, la nature des papiers
trouvés éventuellement sur l’enfant, le nom et l’adresse de la nourrice à qui il est confié, la date éventuelle du décès du Pupille. C’est surtout depuis 1814, que le lieu et la date de naissance sont indiqués ainsi que l’identité de la mère, mais rarement plus.


3° Les dossiers individuels.
Le repérage d’un dossier s’effectue par la date de réception de l’enfant et son numéro d’immatriculation.– aux XVIIe et XVIIIe siècles, le dossier comprend le procès-verbal du commissaire du Châtelet qui relate les circonstances de la découverte
et les premières informations obtenues sur l’enfant – âge présumé, lieu de naissance, le nom de la mère, toutefois rarement s’agissant d’enfant trouvé – et un extrait de registre des baptêmes indiquant le nom donné à l
’enfant et parfois le nom des parents, leurs professions et leurs origines.

– dans la première moitié du XIXe siècle, le dossier comprend le procès-verbal de découverte de l’enfant, établi par le commissaire. Lorsque la mère ou les parents viennent eux-mêmes déposer leur enfant, le procès-verbal d’abandon recueille les déclarations des personnes, généralement la mère révèle son identité. Sont annexés au dossier l’extrait de l’acte de naissance ou la déclaration de naissance délivrée par la maison d’accouchement, le certificat de baptême, éventuellement une note trouvée sur l’enfant, etc.
– à partir de 1852, un bulletin de renseignements est systématiquement rempli par le bureau de réception de l’Hospice. Ce formulaire comporte l’identité de l’enfant, le nom de la mère, le lieu et la date de naissance de la mère, l’adresse, les conditions de logement, les ressources du ménage, la composition de la famille, les noms et adresses des grands-parents.
Dans ce bulletin sont insérés les pièces relatives au suivi de l’enfant jusqu’à sa majorité – 25 ans, certificats médicaux, bulletins scolaires, dossiers d’entrées en apprentissage, dossier de placement en nourrice, etc.


Le suivi de l’enfant.


 Les enfants sont placés dans des familles nourricières en Normandie, Picardie, Bourgogne, dans le Nord, les Pays de la Loire, etc. Il est fréquent de voir ensuite ces enfants faire souche dans la région d’accueil.
 Les renseignements relatifs aux placements se trouvent dans les registres d’entrées. Le dossier individuel reprend et complète les informations sur les placements en province.
 Il est possible de trouver des précisions complémentaires comme sortie de pension, changement de famille nourricière, mise en apprentissage :
 Arrivé à l’âge de travailler – vers 10/12 ans au XIXe siècle – l’enfant continue le plus souvent de vivre dans sa famille d’accueil ou bien, il est mis en apprentissage chez un artisan, un commerçant ou dans une ferme.
 On peut y trouver des renseignements sur la conduite de l’enfant et sur les diplômes acquis. Pour la période 1797 à 1823, il n’existe pas de tables alphabétiques.
 Il faut ensuite se diriger vers les archives des agences de placement de province.
 Ces agences installées dans les départements assurent le suivi des enfants séjournant dans leur ressort. Chaque agence départementale a ses propres archives.
 Le mouvement actuel de fermeture de ces services provoque le regroupement des papiers dans les agences restantes. D’autre part, la Direction de l’Action Sociale de l’Enfance et de la Santé procède au rapatriement de ces archives à
Paris. Il faut s’informer de la situation du fonds.

 

BIBLIOGRAPHIE


Guide des recherches sur les enfants naturels et abandonnés, Myriam Provence (Brocéliande 7 bis rue César Franck 75015 Paris).
Enfance abandonnée et société en Europe XIVe-XXe siècle, Collection de l’École Française de Rome, 1991. 

 

 

L'Hôtel-Dieu et la Charité à Marseille


 Une institution s'attribua un rôle mixte, participant de l'Hôtel-Dieu et de la Charité: L'Hôpital général des pauvres passants et convalescents.

Ce type ne fonctionne qu'à Marseille.

L'hôpital général des Insensés ne recevait que les personnes furieuses qui pourraient causer des désordres publics, si elles n'étaient pas enfermées.

L'hôpital général des Incurables ne recevait que des pauvres paralytiques incurables de la qualité des honteux, ou de ceux qui ne peuvent travailler ou se traîner pour mendier.

L'hôpital général des pauvres enfants abandonnés et des orphelins recevait sans distinction tous les enfants qui s'y présentaient depuis six ans jusqu'à quinze ans, et au-dessus de trois ans les enfants abandonnés, les orphelins des deux sexes dont les parents étaient connus.

L'hôpital général des pauvres passants et des convalescents recueillait les étrangers sans travail, sans asile, de passage dans la ville et les malades sortant de l'Hôtel-Dieu.

(Extraits de « Misère et charité en Provence au XVIIIème siècle: essai d'histoire sociale – Auteur: VALRAN Gaston – édité en 1899)

Ces Hôpitaux généraux respectent entre eux les limites qu'ils se sont assignées: l'Hôpital général des pauvres enfants abandonnés et des orphelins fait rentrer à la Charité tous ceux qui sont de la ville et qui n'ont pas encore atteint douze ans. L'Hôpital général des pauvres passants ne garde ses hôtes que trois ans.

LISTE DES ARCHIVES DES HÔPITAUX DISPONIBLES AUX AD 13 (mise à jour août 2012)= Hôpital St Lazare 1290-1840 3HD 1-27 / Hôtel-Dieu 1125-1947 6HD 1-467 / Hôpital général de la Charité 1609-1932 7HD &-324 / Hospice des Insensés puis Asile d'aliénés 1699-1912 13HD 1-595 / Hôpital Notre-Dame de Miséricorde 1578-1898 17HD 1-67 / Hôpital de la conception 1824-1999 18HD 1-719 / Hôpital Sainte Marguerite Salvator 1855-1957 19HD 1- 57 / Hôpital de la Rose 1896-1915 39 HD 1-3 / Hôpital Saint-François 1833-1836 40HD 1-1 / Hôpital Saint Joseph 1821-1840 41HD 1-2 / Hôpital des enfants abandonnés 1788-1883 45HD 1-140 / Hospices civils de Marseille 1790-1949 46HD dépôt 1-401

La série C est consacrée aux documents religieux, ceux qui se rapportent aux offices et aux cimetières. On y trouve aussi les nécrologes et les obituaires. La série E est très intéressante: On y trouve les registres de délibérations, divers mémoires sur la vie intérieure.

La série F permet d'étudier la démographie de l'établissement à partie des registres d'entrées et de sorties des malades, des enfants ou des pauvres. D'autres dossiers autorident des études sur les bâtards, les nourrices, les orphelins, le personnel hospitalier. 

(Dans quelle mesure les villes et les bourgs étaient-ils pourvus d'hôpitaux généraux ? Pour répondre à cette question, il faudrait pouvoir exposer la répartition géographiques des institutions charitables. Les documents sur cette partie de l'oeuvre de la charité en Provence font le plus souvent défaut.)

Les conditions de l'assistance des enfants varient avec les caractères de l'abandon et avec l'âge. Disynguons tout d'abord les enfants inconnus ou trouvés, ou exposés, et les enfants connus ou abandonnés, ou orphelins.

Ces derniers, les abandonnés et les orphelins, sont soumis comme les adultes aux mêmes conditions de lieu : la naissance ou le domicile. Ils ont de plus à justifier de la légitimité de leur origine, de leur religion ; par suite, ils sont tenus à fournir la preuve de leur état et condition. Par exemple, les enfants qui sont de l'oeuvre de la Charité doivent fournir leur extrair baptistaire qui établit à la fois leur âge et leur religion ; spécialement, les orphelins doivent produire l'extrait mortuaire de leurs père et mère ; et ceux qui sont abandonnés doivent être présentés par leurs père et mère, qui sont accompagnés de tous leurs enfants.

A l'hôpital général des pauvres enfants abandonnés de Marseille, le règlement porte cet article : « les enfants qui auront leur père ou mère, et dont on sera bien instruit qu'ils ne peuvent être nourris par leurs parents seront réputés de l'oeuvre, après les plus exactes informations des directeurs qui surveilleront si la position des parents est toujours la même ». L'assistance entendait aider les chefs de famille, mais non se substituer à eux dans la participation aux charges.

Les enfants inconnus étaient, dans la période du bas âge, centralisés dans un service spécial des Hôtels-Dieu : ils étaient consignés sur un registre, qui portait leur prénom, et nom du choix du recteur, leurs signes caractéristiques ; ils étaient conditionnellement baptisés ; et on leur attachait au cou un cordon avec le sceau de l'hôpital.

Instruits sur la légitimité de la naissance, les hôpitaux généraux se répartissaient les enfants : les bâtards étaient attribués à l'Hôtel-Dieu, les enfants légitimes, sauf les distinctions établies par l'âge, à la Charité ou aux établissements analogues.

L'âge précisait ou la durée du séjour dans un hôpital général ou l'affectation définitive. L'enfant en bas âge depuis la naissance jusqu'à quatre ans, bâtard ou légitime, restait à l'Hôtel-Dieu. Passé cette période, bâtard, il restait à l'Hôtel-Dieu ; légitime, il passait à la Charité. A Marseille, grâce à l'institution de l'hôpital général des pauvres enfants abandonnés et des pauvres orphelins, la limite de sortie de l'Hôtel-Dieu reste maintenue à trois ans, et la limite d'entrée à la Charité à 7 ans ; la période intermédiaire est passée pour les orphelins dans la fondation qui leur est spéciale. Lorsqu'il s'agit d'enfants abandonnés ou orphelins qui ont franchi la période du bas âge, ils sont reçus à l'Hôtel-Dieu jusqu'à dix et douze ans et gardés jusqu'à quatorze ans les garçons ; jusqu'au mariage ou seize ans pour les filles. Dans les hôpitaux généraux de charité, ils sont reçus juqu'à douze ans et conservés jusqu'à la fin de leur apprentissage, ou mieux jusqu'au moment où ils peuvent exercer un emploi.

Ainsi l'enfance nécessiteuse est accompagnée par l'assistance jusqu'au moment où elle peut se suffire à elle-même ; elle semble même entourée et cela avec raison, de plus de sollicitude que l'âge adulte, qui, dans plus d'un cas, manquant de secours, se réfugie vers les fondations particulières.

Quels services l'assistance rendait-elle aux nécessiteux ? Elle avait à s'occuper des « interêts corporels et des intérêts spirituels » de ses malheureux clients. Pour la sauvegarde même des institutions, il lui fallait ne pas négliger l'ordre, la discipline de l'intérieur.

Il conviendra pendant le cours de cette analyse de distinguer souvent entre l'intention qui fut excellente et l'exécution qui fut malheureuse et sujette à critique. 

Le plus curieux des services est tou d'abord celui de la santé. Nous l'étudierons spécialement à l'Hôtel-Dieu, où il était, par destination, le plus complètement organisé, et vers lequel nous porte la question de la maternité et de l'enfance abandonnées ; par le relief donné à cette partie, nous serons plus éclairés pour apprécier ce service dans les autres établissements.

LA SANTE ET LE CULTE

Le corps médical se composait des médecins, des chirurgiens, des apothicaires. A Marseille l'hôpital général des Insensés n'a qu'un médecin externe, encore est-il supprimé en 1760, et il n'est rétabli qu'en 1787.

Les Charités n'ont pas de médecin. A l'Hôtel-Dieu les médecins servent par trimestre. A la Miséricorde, ils se partagent les quartiers de la ville. Pour les chirurgiens, la règle générale, c'est qu'un chirurgien soit attaché à chaque Hôtel-Dieu. Dans les villes importantes, Marseille, Aix, Arles, il y en a deux. Ils sont tenus à la résidence dans l'hôpital ; dans le cas où ils sont deux, ils se partagent le service. Aux Insensés de Marseille, le chirurgien se partage le service avec le médecin ; parfois, par raison d'économie, il en tient lieu. Les apothicaires sont attachés un par établissement ; ils sont également tenus à la résidence.

... Il est fort probable que ce personnel ne devait pas toujours suffire aux besoins d'une foule croissante.

Le recrutement était entouré de précautions minutieuses. Les médecins, à l'Hôtel-Dieu, étaient proposés par le semanier, élus à ballottes secrètes.

A la Miséricorde, une enquête préalable est faite par deux recteurs. Toutes les mesures sont prises pour éviter les cabales. Dans cette pensée, on prend consultation auprès des anciens maîtres de l'Université.

Les chirurgiens se recrutaient au concours annoncé par voie d'affiche à toulon, Avignon, Arles, Marseille, Montpellier, Lyon, etc. Ils devaient être catholiques. Ala fin du XVIIIème siècle, un chirurgien protestant était au nombre des recteurs de l'Hôtel-Dieu de Marseille.

Le candidat devait fournir un certificat attestant la douceur de son caractère et son esprit de charité.

... Le chirurgien à l'Hôtel-Dieu examine les blessés dès leur entrée à l'hôpital avant la visite des médecins ; outre qu'il assiste aux visites quotidiennes, chaque soir à 9 heures, il assiste à la tournée de l'apothicaire. Il devra se faire accompagner dans le dortoir des femmes. Il ne permettra jamais que son aide fasse des pansements considérables: il pratiquera lui-même les saignées.

L'Hôtel-Dieu est servi par deux maîtres infirmiers ayant sous leurs ordres six infirmiers, et deux maîtresses infirmières avec douze infirmières. Le nombre total fut porté à 36 personnes pour 120 malades, un tiers de plus que l'Hôtel-Dieu de Paris pour le même nombre de malades ; Il y avait de plus une quarantaine de filles employées aux lessives, commissions, etc. Le recrutement était difficile, le personnel n'étant pas complétement religieux. On s'appliquait à ne pas employer de couple. Certaines prescriptions de détail et le témoignage d'un contemporain s'accordent pour prouver les craintes et les embarras des recteurs. « Que sont les infirmiers d'un Hôtel-Dieu ? C'est un amas de gens de tous les pays qui ne se chargent d'un service pénible, dégoûtant, périlleux, que parce qu'ils n'ont pas d'autres ressources, qui ne le continuent que tant qu'ils ne peuvent s'en procurer un autre, et qu'on est le plus souvent forcé de congédier pour les remplacer successivement par d'autres dont on n'est pas plus content. »

Les recteurs avaient déployé un zèle, un esprit de clairvoyance et de prudence incontestables pour pourvoir les hôpitaux d'un service médical, nombreux, instruit et régulier ; ils n'apportèrent pas moins de sollicitude à l'installation matérielle ; ils furent mins heureux, moins servis par les circonstances que les contemporains ; ils n'aboutirent qu'à des résultats insuffisants. 

Les bâtiments en général sont exigus, mal exposés ; ils tombent en ruines et le mobilier partout fait défaut. Pour se représenter le délabrement de ces établissements et assurer leur insalubrité, il faut lire la description qui est retracée par M. de Miollis recteur de St-Jacques en 1780. « Ne serait-il pas nécessaire d'exhausser nos bâtiments ? Le dortoir des femmes situé sous les toits, et n'étant pas doublé dans toute son étendue, est très froid en hiver et très chaud en été. Les fenêtres sont basses, l'air s'y renouvelle difficilement ; il y a souvent de l'odeur et de l'infection. Quelle différence de ce dortoir pour la salubrité à celui des hommes ! Aussi y a-t-on observé que les maladies y étaient plus opiniâtres et plus fâcheuses. Les hommes sont distribués en trois salles: une pour les blessés, une pour les fiévreux, la troisième pour les convalescents. Pourquoi ne pas distribuer de même les femmes ? Pourquoi placer auprès de leur lit les enfants qu'elles amènent, tandiq qu'ils ne peuvent que troubler le repos des autres, et se trouver très mal de l'a ir qu'on leur fait respirer. A ces trois salles, ne serait-il pas important d'en joindre une quatrième, pour les maladies contagieuses et surtout pour les étiques. Ne devrions-nous pas avoir un nombre double de lits ? Convient- il de coucher un malade dans un lit où il en est mort un la veille ?.........

Ce qui importait, c'était l'isolement des malades et des convalescents. Le problème avait été résolu à Marseille par la fondation de l'hôpital général des pauvres convalescents. Dès que la fièvre était tombée, le malade quittait l'Hôtel-Dieu et il restait pendant 6 jours aux convalescents. 

 

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Extraits de:

 L'Homme adultère, par Marius Roux

      Paris - E. Dentu éditeur

          Palais Royal.

             1875

BnF Gallica.

 

Aigues-les-Tours.

 

          "Au midi d'Aigues-les-Tours se trouve un quartier aux rues bien alignées, aux maisons larges et hautes, - un quartier semé d'hôtels splendides, bâtis entre cour et jardin. C'est là qu'habite la haute bourgeoisie et la noblesse du pays...Les rues de ce quartier sont longues, silencieuses, froides. Les passants se montrent fort rares; l'herbe pousse, sur plus d'un point, à travers les pavés, cailloux ronds pêchés sur le  bord du Rhône. -

A l'extrémité du quartier, sous le rempart, au fond d'une rue étroite, encore plus calme, plus déserte que toutes les autres, on découvre un long bâtiment, haut d'un étage et demi seulement et percé de nombreuses fenêtres de minime dimension, fermées au dehors par des barreaux de fer, closes au dedans par des vitrages à petits carreaux. Une porte ronde et assez élévée s'ouvre en face de la petite rue. Au-dessus de la porte, on peut lire ces mots, peints sur la pierre, à moitié mangés par la pluie : "Hospice de la Charité".

     Derrière cette porte se déroule un étroit vestibule dont les deux côtés donnent accès aux deux quartiers de la Maison. Une grande porte fait vis-à-vis à celle de la rue et ouvre sur une chapelle qui tient tout le milieu du bâtiment et le divise ainsi naturellement en deux morceaux séparés; à droite est la section des garçons, à gauche, la section des filles. Chaque quartier possède dortoir, lingerie, réfectoire, cour de récréation, classe et atelier distincts. A l'extrêmité des bâtiments réservés à la section des filles, se trouvent les bureaux de l'administration et le logement de la Gouvernante de l'hospice. Une terrasse carrelée et un petit jardin se développent devant ce logement. La chapelle, bâtie en forme de croix, livre sa nef principale aux fidèles du voisinage qui viennent y suivre les offices; les deux bras de la croix, sorte de prolongement du choeur au milieu duquel s'élève le maître-autel, servent de lieu de réunion pour les pensionnaires de la Maison; les garçons se placent à droite, les filles à gauche.

     La maisonnée compte toujours en moyenne de trois cent cinquante à quatre cents enfants.

     Depuis le premier jusqu'au dernier jour de l'année, les occupations de ces enfants sont les mêmes. -Leur matinée est prise par les enrerrements. - Les personnes riches, ou simplement aisées, ne meurent pas sans laisser un legs, ou tout au moins une aumône à cette Maison recommandée et recommandable. La Maison acquitte sa dette de reconnaissance en envoyant ses enfants figurer au convoi de son bienfaiteur. - Les héritiers les moins riches, voire les moins à l'aise, tiennent à honneur de faire accompagner le mort qu'ils pleurent par les enfants de la Charité. Ces enfants sont comme l'ornement indispensable de ce dernier voyage. - La Maison a, pour cet office, un prix courant qui varie de quinze francs à cent francs. Selon le prix, elle fournit un groupe de garçons ou un groupe de filles, - toute une division de l'un ou de l'autre sexe, - ou enfin, toute la maisonnée, avec la croix et la bannière. - Il est extrêmement rare qu'une matinée se passe sans que les "charitons" aient à courir après un mort. Le plus souvent, - les jours où toute la Maison est d'un riche convoi, - certains enfants, désignés pour faire partie d'un groupe à quinze francs, assistent encore à quelque petit enterrement.

     L'après-midi, les enfants vont en classe, pendant une heure. Ils apprennent à lire, écrire et compter. Le restant de la journée, ils sont occupés aux travaux de l'atelier."

 

.......

 

          "Jusqu'en  1858, l'hospice resta décoré à l'un de ses angles extérieurs, d'un tour, à côté duquel pendait un cordon de sonnette. La première personne venue apportait l'enfant abandonné, le déposait dans le tour, après avoir prévenu à l'intérieur en tirant sur la sonnette; le tembour tournait sur lui-même et l'enfant faisait incognito son entrée dans l'hospice. Un tour était également placé à la porte de l'hôpital de la ville; l'hôpital, cette grande pépinière d'enfants trouvés, où presque toutes les filles-mères vont finir leurs couches. Depuis 1858, les tours ont été supprimés; le nouveau-né doit être apporté par une personne, munie d'une demande émanant du Bureau de l'état civil.".

 

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Enfants au travail

La main d'œuvre enfantine est évoquée à travers de multiples emplois. D'abord ceux du monde industriel, dans les usines de la région provençale, du Creusot, de l'Espagne andalouse ou encore dans les fabriques textiles de l'Alsace, des Cévennes et du Piémont Italien.

https://books.google.fr

 

         

 

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Commentaires
J
Bonjour, <br /> <br /> Je souhaiterais savoir où étaient situés les tours d'abandon dans la ville de Marseille précisément (dans la mesure du possible). <br /> <br /> Merci.
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A
Bonjour, et merci pour cette belle analyse sur les pauvres enfants.<br /> <br /> Mais je recherche toujours des informations sur l'Orphelinat les enfants de l'etoile, ou mon père a été placé, durant quelques annees .<br /> <br /> Merci pour votre réponse.<br /> <br /> Pour savoir comment retrouver son dossier.<br /> <br /> Bien Cordialement.
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N
Bjr,<br /> <br /> Mon père, était aux enfants de l'étoile à Marseille.<br /> <br /> Je voudrais retrouver son dossier, il a été placé quelques années. Il avait ses parents, séparés, des Immigrés Italiens.<br /> <br /> si vous avez des infos, merci pour votre aide.
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G
Bjr, qui a connu, ou entendu parler<br /> <br /> " des enfants des etoiles " a Marseille ?<br /> <br /> Est ce sous le nom de la Charité ? <br /> <br /> Mon père y a été pendant quelques années<br /> <br /> Il y est sorti vers l âge de 11 ans, et il suivait les enterrements....<br /> <br /> Merci pour s éventuels renseignements. <br /> <br /> Gabrielle
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Le charqueador et le bagnard.
  • Plus aucune trace de lui... Pas même une pierre tombale. Deux frères nommés Jean-Baptiste : l'un mon aïeul, vice-consul de France au Brésil ; l'autre, bagnard condamné, en 1829, aux travaux forcés à perpétuité, pour crime contre la religion de l'Etat.
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